Les marchés voulaient croire lundi à une réponse enfin solide de la zone euro à la crise de la dette, au lendemain d'une réunion des grands argentiers du G20, mais attendent des dirigeants qu'ils traduisent maintenant leurs paroles en actes.

Signe d'un regain de confiance chez les investisseurs, les Bourses européennes ont débuté la semaine dans le vert, appréciant que le G20 augmente la pression sur l'Europe pour une résolution rapide de la crise en zone euro.

À 6h00 (heure de Montréal) , Paris prenait 0,36%, Londres gagnait 0,85% et Francfort grimpait de 0,66%. L'euro également a regagné des couleurs se hissant au-dessus du seuil de 1,39 dollar pour la première fois depuis un mois, les investisseurs reprenant goût pour le risque.

À 6h00, il oscillait autour de 1,3834 dollar pour un euro.

Réunis samedi à Paris, les pays du G20 ont reconnu les progrès réalisés par les Européens dans la résolution de leur crise de la dette, et ont promis que le FMI serait doté de ressources «adéquates». Ils les ont en même temps pressés de tenir leurs promesses.

À l'ouverture des marchés européens, les économistes applaudissaient le message. «Le processus de résolution de la crise a connu une accélération (et) une impulsion constructive a été donnée», notait ainsi Gilles Moëc, de Deutsche Bank.

L'optimisme pourrait toutefois faire long feu. Les politiques, «dans la dernière ligne droite avant de savoir si la crise de la dette européenne est sous contrôle, n'ont pas le droit à l'erreur en terme de communication», estimait Franklin Pichard, de Barclays à Paris.

Les marchés ont déjà les yeux tournés vers le sommet européen du 23 octobre, où les dirigeants ont promis des résultats «décisifs», puis celui des chefs d'État du G20 à Cannes les 3 et 4 novembre.

Trois grandes inconnues pèsent encore: l'étendue de la future décote de la dette grecque, l'ampleur de la recapitalisation des banques européennes et la force de frappe totale que pourra atteindre le FESF, à l'aide d'effets de levier en discussion.

«La probabilité qu'un ensemble de mesures substantielles soit annoncé le 23 octobre a augmenté (mais) la possibilité d'une déception perdure», notaient les économistes de Barclays Capital.

«De sérieux doutes demeurent: les tentatives précédentes de l'Europe de calmer les peurs d'investisseurs plus que nerveux ont fini par échouer», ajoutaient-ils.

«L'optimisme actuel est peu justifié au fond» et pourrait rapidement marquer le pas, tranchaient pour leur part Alexander Aldinger et Peegy Jäger, de Commerzbank, qui redoutent «une augmentation des risques au fur et à mesure que les politiciens se positionneront pour le grand marchandage».

D'ici là, peu de rendez-vous de nature à animer les marchés sont annoncés ce lundi, si ce n'est l'audition en début de soirée au Parlement européen de l'ancien économiste en chef de la Banque centrale européenne Jürgen Stark, et le dépôt d'un projet de loi de finances pour 2012 au parlement portugais.

Du coup, les inquiétudes sur la conjoncture mondiale, reléguées au second plan par la crise de la dette, reviennent peu à peu sur le devant de la scène.

«Aujourd'hui, l'attention se concentre sur les chiffres américains», avec la publication de l'activité industrielle dans la région de New York pour octobre, et la production industrielle du pays en septembre, pour lesquels «la prudence s'impose», juge Christian Schmidt, de la banque Helaba.

Le tableau est encore plus sombre en Europe «où les attentes pour l'avenir ont plongé», note Holger Schmieding, de la banque Berenberg.

Samedi, la directrice du FMI Christine Lagarde s'est de son côté inquiétée de «l'évolution négative» du climat économique ces dernières semaines, «en train de toucher les pays émergents».