L'engagement des pays du G20 à «apporter une réponse forte» à la crise de la dette a peiné à convaincre les marchés européens qui chutaient de nouveau vendredi face aux sombres perspectives de l'économie mondiale.

Les ministres des Finances et banquiers centraux des principaux pays riches et émergents du G20, réunis depuis jeudi à Washington, se sont engagés à «apporter une réponse internationale forte et coordonnée» à la crise.

Les grands argentiers de la planète ont promis de faire en sorte que les «banques disposent d'un capital adéquat», après la dégringolade ces derniers jours des valeurs bancaires européennes, minées par les craintes liées à la crise de la dette dans la zone euro.

Les Banques centrales, qui multiplient les interventions pour éviter un tarissement du crédit, se sont engagées à continuer «à soutenir la reprise».

Le G20 a promis, en vue du sommet de Cannes les 3 et 4 novembre, un «plan d'action collectif ambitieux».

Mais les investisseurs, qui attendaient des mesures concrètes et immédiates, restaient sceptiques.

«Rien de très nouveau donc. Les véritables décisions sont renvoyées au sommet des chefs d'État et de gouvernement qui se tiendra à Cannes», ont commenté les analystes d'Aurel BGC.

«Les ministres des Finances du G20 ont raté une occasion en or de rassurer les marchés», a renchéri Manoj Ladwa, analyste chez ETX Capital.

Et, de fait, le répit aura été de courte durée sur les marchés.

Après avoir ouvert en hausse et hésité un moment sur la direction à prendre, les places financières européennes replongeaient en fin de matinée, perdant entre 2 et 3% vers 08h20.

Les Bourses asiatiques, en l'absence de Tokyo, fermée ce vendredi, avaient terminé dans le rouge, à l'instar de Wall Street la veille.

Très attaquées durant la semaine, les valeurs bancaires limitaient toutefois la casse.

Le ministre français des Finances François Baroin a fait la tournée des grandes banques et fonds américains à New York, de plus en plus réticents à prêter aux banques de la zone euro, pour les rassurer sur leur solvabilité.

Selon une étude de Fitch, les fonds monétaires américains ont ainsi réduit de 34% depuis mai leurs prêts aux banques françaises.

Le PDG d'Airbus Thomas Enders s'est dit «inquiet de voir qu'à nouveau l'accès au crédit pourrait se raréfier» pour ses clients, en particulier les «financements de long terme émis en dollars par certaines banques européennes».

L'avionneur européen s'est dit prêt à aider ses clients, comme il l'avait fait en 2008-2009, s'ils venaient à connaître des difficultés pour financer leurs achats d'avions.

En dépit du volontarisme affiché par le G20, la situation reste «très, très préoccupante», a prévenu Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des marchés financiers, le gendarme boursier français.

«Nous devons prendre des mesures urgentes au niveau international», a-t-il lancé, en espérant que «les Européens, les Américains et le Fonds monétaire international (FMI) vont au moins arriver à émettre un diagnostic partagé».

Mais l'autorité bancaire européenne (EBA), qui a supervisé les tests de résistance de 90 banques de l'UE, a fait savoir qu'elle ne jugeait pas nécessaire, «à ce stade», de modifier le calendrier de recapitalisation des banques. Et ce en dépit des appels, notamment du FMI, à accélérer le processus.

L'hypothèse d'un défaut de la Grèce, qui ferait perdre des sommes importantes aux banques européennes, continue à gagner du terrain.

La Banque centrale néerlandaise a reconnu qu'elle travaillait sur différents scénarios, dont celui d'une faillite d'Athènes.

Et, selon la presse grecque, le ministre des Finances Evangélos Vénizelos n'aurait pas exclu, jeudi devant les députés, que la dette grecque puisse subir une annulation de 50% de sa valeur, hypothèse qu'il a fortement démentie vendredi.

En attendant, l'agence Moody's a abaissé de deux crans les notes de solvabilité des principales banques grecques, qui risquent de faire face à une montée des impayés dans un contexte de récession et de chômage.

La capitale grecque était le théâtre vendredi d'une nouvelle journée de grève dans les transports pour protester contre de nouvelles mesures d'austérité.

Aux inquiétudes sur les répercussions d'une possible faillite de la Grèce sont venues s'ajouter les craintes d'une contagion de la crise de la dette à l'économie réelle.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a revu vendredi à la baisse ses prévisions de croissance du commerce pour 2011, s'attendant à une progression des échanges mondiaux de 5,8% contre 6,5% prévus jusqu'à présent.

En France, les signaux négatifs se sont succédé pour la croissance, laissant craindre un ralentissement très marqué de l'économie, avec la publication de deux indicateurs traduisant une nette dégradation du moral des ménages et des industriels.

Mauvaise nouvelle aussi pour la Slovénie, sans gouvernement depuis mardi: Moody's a dégradé d'un cran la note de cet État de la zone euro, invoquant «le risque croissant» qu'il doive intervenir pour soutenir son système bancaire.

L'agence de notation a infligé un traitement encore plus sévère à Madère, en abaissant de deux crans la note de sa dette. Moody's a fustigé «une mauvaise gouvernance» après la révélation de dettes non déclarées de 1,6 milliard d'euros qui risquent de compliquer les objectifs budgétaires du Portugal.

L'euro qui avait atteint jeudi son plus bas niveau depuis janvier dernier, s'échangeait à 1,3459 dollar.