Il n'a fallu que deux ans à l'action de Nortel pour passer de 125$ à presque rien. En guère plus de temps, l'action de Research in motion (T.RIM) est passée de 140$ à 23$. Est-ce que le même sort l'attend?

Si le prix de l'action devait enfoncer le niveau de 20$ au cours des prochaines semaines ou mois, ce pourrait bien-être le début de la fin pour RIM, explique Jean Soublière, président de la Fédération Actif et spécialiste de l'analyse technique. «Bien que RIM n'ait pas fait l'objet de fraudes comme ce fut le cas pour Nortel, la comparaison entre les deux graphiques (plus bas) a de quoi faire peur», dit-il.

Pourquoi est-il si important de ne pas enfoncer le niveau de 20$? Entre 2004 et 2006, le titre avait fluctué dans un corridor entre 20$ et 35$. Cette période de consolidation avait établi la base à partir de laquelle le titre a pu ensuite s'envoler vers son sommet de 140$. C'est cette base qui agit maintenant comme ultime support. «Et la base doit tenir, sinon le cours de l'action tombera à 5$», prévient Jean Soublière.

On s'est approché de ce niveau fatidique à la suite de la publication des résultats trimestriels vendredi dernier. Les chiffres indiquaient des ventes d'appareils, ainsi que des revenus et des profits, à la baisse. Le titre a creusé un écart dès l'ouverture des négociations. Après avoir clôturé jeudi à 29,40$, le titre a entrepris la séance de vendredi à 24$, une chute de 20%.

Les analystes techniques attachent beaucoup d'importance à ces écarts (gap). Selon eux, ils sont la meilleure expression du consensus des investisseurs, étant donné que ceux-ci reçoivent tous la même information au même moment. Il est clair que, vendredi dernier, les investisseurs ont réévalué sévèrement les perspectives de l'inventeur du BlackBerry.

La situation se répète

RIM nous avait habitués à de tels écarts à l'ouverture du marché lors de la publication de ses résultats précédents. C'est le troisième trimestre consécutif qu'un tel phénomène se produit. Et ce qui n'a rien de rassurant, c'est que, chaque fois, le cours du titre n'est jamais parvenu à se ressaisir tout à fait et à remonter au niveau d'avant la nouvelle. C'est-à-dire de fermer le gap, comme on dit en jargon d'analyse technique. «Cela confirme que la tendance à la baisse est très lourde», dit Jean Soublière.

Au printemps, un niveau de support important avait déjà cédé. Rappelons que lors de la correction des marchés en 2010, le cours de l'action de RIM s'était arrêté à 44$ avant de remonter à 70$ avec la reprise qui a suivi. Dès lors, le niveau de 44$ devenait le point de support qui devait freiner une nouvelle baisse, explique Monica Rizk, analyste principale chez Phases&Cycles, firme de gestion spécialisée en analyse technique. «Mais ce support a cédé lamentablement en mai dernier», note l'analyste. Et nous voilà maintenant tout près du dernier rempart à 20$.

Les propriétés intellectuelles

Pour RIM, les derniers trimestres ont été une succession de mauvaises nouvelles, constate Marc Gagnon, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance. «Les difficultés au chapitre de la commercialisation de ses produits font en sorte que ses parts de marchés s'érodent rapidement», dit-il.

À court terme, le titre pourrait connaître un rally grâce à la valeur de ses propriétés intellectuelles. Des concurrents pourraient être intéressés à acquérir l'entreprise principalement pour ses brevets. Des investisseurs pourraient fort bien vouloir jouer cette carte au cours des prochains mois, selon le gestionnaire.