L'été n'a pas été reposant pour les investisseurs. Et septembre, qui est reconnu pour être le mois le plus sombre de l'année à la Bourse, ne s'annonce guère mieux.

Fermées lundi pour la fête du Travail, les Bourses nord-américaines ont dérapé de 0,7% hier, tout de même beaucoup moins que les pertes enregistrées la veille sur les parquets européens.

Aux États-Unis, le S&P 500 a perdu 0,74%, hier. Cette troisième séance consécutive de baisse porte à 4,4% le repli de l'indice phare de la Bourse américaine depuis le début de septembre. Au Canada, l'indice S&P/TSX composé s'en tire avec une baisse de 2% depuis le début du mois, incluant un repli de 0,7% hier.

«Les marchés sont très nerveux. Quant on voit la Bourse fluctuer de 3 à 5% dans une journée, ça démontre que les investisseurs ne savent plus où donner de la tête», dit Jean-Sébastien Garant, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Sigma Alpha Capital.

L'intensification de la crise de la dette souveraine donne des sueurs froides aux investisseurs. Les marchés sont particulièrement inquiets de la défaite du parti de la chancelière allemande Angela Merkel lors d'élections régionales, un signe que la population désapprouve de plus en plus le soutien accordé par l'Allemagne aux pays endettés.

Pendant ce temps, la Grèce ne parvient pas à atteindre ses objectifs de réduction de son déficit. Et l'Italie tergiverse quant aux mesures d'austérité à imposer. La division au sein de l'Europe rend les marchés nerveux.

À cela s'ajoutent les craintes d'une nouvelle récession mondiale. «On se rend compte que la soi-disant reprise économique que nous avons eue après 2009 était artificielle. Tous les stimuli fiscaux et monétaires ont été retirés. Et on se retrouve avec une économie qui est toujours aussi malade qu'elle l'était», indique M. Garant.

D'ailleurs, la création d'emplois est en train de s'évanouir aux États-Unis, si l'on se fie aux données publiées vendredi dernier. «Avec un taux de chômage en haut de 9%, tout le monde réalise qu'il est difficile de redémarrer une économie», dit M. Garant.

Dans ce contexte, les investisseurs se ruent vers les valeurs sûres, à commencer par l'or qui a grimpé de 90$US en trois jours pour toucher un record absolu de 1921,17$ US l'once, à la Bourse de Londres.

Refuge par excellence malgré leur récente décote, les obligations du Trésor américain ont aussi atteint un niveau historique, hier.

Le rendement des obligations américaines de 10 ans a fondu jusqu'à 1,929%, du jamais vu. Le taux avait glissé sous les 2% à la mi-août, pour la première fois de l'histoire. Il faut savoir que le taux d'intérêt évolue en sens contraire du prix des obligations. Lorsque la demande est très forte, les taux d'intérêts baissent, car les investisseurs sont prêts à se contenter d'un rendement plus faible en échange d'un placement sécuritaire et liquide.

À la Bourse, les investisseurs inquiets continuent de replier vers les secteurs défensifs (consommation de base, les services publics, les télécommunications et les soins de santé) qui résistent mieux à un ressac économique.

Un bon réflexe. Depuis six semaines, les dégâts ont été limités dans ces secteurs, constate Pierre Lapointe, stratège macroglobal chez Brockhouse Cooper.

Par exemple, le secteur mondial de la consommation de base a baissé de seulement 5%. Pendant ce temps, les sociétés financières ont subi une dégelée de 18%, victimes des craintes de défaut sur la dette européenne. Et les secteurs qui dépendent du cycle économique (matériaux, énergie, industrielles) ont fondu de plus de 15% avec les risques d'une nouvelle récession.

«Mais les titres défensifs ne sont plus des aubaines», prévient M. Lapointe. Les titres ont été soutenus par la quête de sécurité des investisseurs, plutôt que par leurs perspectives de croissance.

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NOUVELLES TURBULENCES

Bourse / hier / depuis le début 2011

Toronto (S&P/TSX) -0,7% / -6,9%

New York (Dow Jones) -0,9% / -3,8%

Londres (FTSE) +1,1% / -12,6%

Francfort (DAX) -1% / -24,9%

Milan (MIB-FTSE) -2% / -30,4%

Tokyo (Nikkei 225) -2,2% / -16%