Ouf, août est derrière nous. Après avoir frôlé le désastre, les Bourses en Amérique du Nord se sont ressaisies dans les deux dernières semaines pour limiter les dégâts. Au terme d'un mois rempli d'émotions, le S&P 500 a reculé de 5,7% en août et le TSX de 1,4%. À quoi s'attendre en septembre? À encore beaucoup de volatilité. Dans ce contexte, les secteurs défensifs qui ont obtenu de bons résultats depuis le début de l'année sont susceptibles de continuer de surpasser le marché en général.

Aux titres de consommation de base, des services publics et des télécommunications, qui se sont tous démarqués, il faut ajouter les actions aurifères au Canada. Les matériaux, dont les aurifères sont une des composantes, ont avancé de 5,1%, les télécommunications de 3,9% et les services publics de 2,4%. Les banques ont tenu le coup, avec un mince "0,4%.

«Ce qui a vraiment aidé le Canada, c'est la performance extraordinaire du sous-secteur aurifère qui a crû de 11,5% en août», dit Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Banque Nationale.

Le marché américain était, au pire moment, en recul de 18% par rapport à son sommet atteint en avril 2011. Au 31 août, la baisse du S&P n'était plus que de 10% par rapport à son récent sommet. Ce sont notamment les sociétés du secteur de la santé qui tirent leur épingle du jeu.

Les compagnies pharmaceutiques américaines ont fait preuve de résilience dans un marché hostile. Pfizer a fait du surplace dans le dernier mois, Merck a perdu 1% tandis que GlaxoSmithKline se permettait d'avancer de 4,8%. Depuis un an, Glaxo et Bristol Myers Squibb sont en hausse de 14%, tandis que Pfizer a gagné 20%.

Les initiés achètent en masse

«Les investisseurs doutent de la viabilité de la reprise économique», constate Pierre Lapointe, stratège mondial chez le courtier Brockhouse Cooper. Ce scepticisme se traduit par une baisse de l'indice de confiance du consommateur.

Cela dit, les dirigeants d'entreprise ont davantage confiance, souligne-t-il. Les initiés aux États-Unis achètent comme jamais, un signe positif, d'après lui. Le stratège se réjouit aussi que les prévisions de bénéfices futurs des sociétés aient été à la hausse en août aux États-Unis.

La volatilité sera au rendez-vous en septembre compte tenu du contexte politique en Europe comme aux États-Unis, prédisent les experts. «Le fait que messieurs Obama et Boehner (républicain, président de la Chambre des représentants) ne s'entendent même pas sur une date pour le discours du président Obama soulève des doutes quant aux possibilités que les deux s'accordent sur les moyens juridiques à mettre en oeuvre pour exécuter quoi qu'il se trouve dans ce plan», écrit Dave Rosenberg, stratège chez Gluskin Sheff, dans sa note matinale.

Pour que les entreprises redéploient leurs liquidités, qui sont abondantes, dans l'économie, encore faut-il qu'elles connaissent les règles du jeu, de dire Stéfane Marion. «Quels seront les impôts des sociétés? Quelles seront les nouvelles taxes? Quels seront les services qui seront coupés?» se demande-t-il.

Celui-ci s'attend à une forme d'injection de liquidités en provenance des États-Unis et du Japon, notamment. En absence de menaces inflationnistes, les pays émergents pourraient en outre cesser leur resserrement monétaire. Le cas échéant, on se dirigerait vers un assouplissement des conditions monétaires dans le monde en deuxième partie d'année.

Prudence, boursicoteurs

Aux boursicoteurs, M. Marion recommande tout de même de modérer leurs achats compte tenu de l'incertitude politique qui prévaudra à l'automne.

De son côté, le professeur de HEC Montréal Maurice Marchon ne croit pas à une récession, à moins de catastrophe. «C'est rare qu'on ait une récession quand il n'y a pas de resserrement monétaire, fait-il remarquer. À moyen terme, je demeure optimiste pour le marché des actions.»

De quoi septembre sera fait? Avant de se commettre, Pierre Lapointe préfère attendre les chiffres sur l'emploi aux États-Unis aujourd'hui et surtout le discours d'Obama sur l'emploi la semaine prochaine.

Richard Morin, gestionnaire de portefeuille de type momentum chez Landry Morin, a acheté des titres aurifères fin août au Canada et des pharmaceutiques aux États-Unis.

La première séance de septembre s'est terminée à la baisse à Toronto comme à New York. Le Dow Jones perd 120 points ou 1% à 11 493; le S&P500 cède 14,5 points ou 1,2% à 1204 points et le NASDAQ termine la journée à 2546 points, en perte de 33 points ou 1,3%. Aux États-Unis, les 10 secteurs du S&P500 sont en baisse. Le secteur financier recule de 1,9%, la pire performance de la journée. Suivent les titres industriels et les matériaux.

Au Canada, le S&P/TSX concède 67,96 points ou 0,53%, à 12 700,74. Les aurifères ont monté, mais les titres énergétiques et ceux du secteur de la consommation discrétionnaire ont baissé en raison des craintes de ralentissement économique.