Les Bourses asiatiques évoluaient en ordre dispersé mercredi, au lendemain de la rencontre entre les dirigeants allemand et français consacrée à la gouvernance de la zone euro, mais l'absence d'éléments concrets à l'issue de la réunion affaiblissait la devise européenne.

A Tokyo, l'indice Nikkei 225 des 225 valeurs vedette cédait 1,01% à la mi-séance (après avoir ouvert en repli de 0,65%). Hong Kong gagnait 0,95% et Shanghai 0,21% dans la matinée. Séoul s'appréciait de 0,12% et Sydney de 1,42% à la mi-journée.

Au lendemain d'une séance boursière attentiste, avant cette réunion à Paris entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, les marchés réagissaient avec prudence aux annonces du couple franco-allemands, jugées plutôt décevantes.

Les cours du pétrole étaient en petite hausse dans les échanges matinaux en Asie: le baril de «light sweet crude» gagnait 17 cents à 86,82 USD tandis que celui du Brent de la Mer du Nord prenait 10 cents à 109,23 USD.

«La réunion entre les dirigeants allemand et français a échoué à atténuer les inquiétudes sur la crise de la dette en zone euro», a déclaré Ker Chung Yang, analyste pétrole chez Phillip Futures à Singapour.

Sous la pression des Bourses, qui avaient frôlé le krach la semaine dernière, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont affiché mardi une totale unité pour proposer une batterie de mesures: gouvernement économique de la zone euro, règle d'or budgétaire, taxe sur les transactions financières, convergence fiscale.

Ces propositions du moteur économique de la zone euro ont été saluées par les gouvernements, mais plusieurs analystes estiment qu'elles manquent de substance pour tranquilliser les marchés.

«Les annonces n'ont pas répondu aux attentes du marché», a asséné Ker Chung Yang.

Sony Kapoor, du «think tank» Re-Define, basé à Londres, estimait mardi que «la proposition de gouvernement économique, qui peut être un pas important vers une +union encore plus resserrée+, est de peu d'utilité pour régler les problèmes les plus urgents».

Signe le plus tangible de la déception des marchés: le repli de l'euro. Il valait 1,4365 dollar mercredi à Tokyo, contre 1,4406 USD à New York la veille au soir. Il est descendu à Tokyo jusqu'à 1,4352 USD.

Face au yen, la devise européenne était également en baisse, à 110,22 yens, contre 110,67 yens à New York.

«La rencontre franco-allemande n'a pas débouché sur des solutions claires et cela a provoqué des ventes d'euros», a indiqué Nobuyoshi Kuroiwa, un des responsables des changes chez Hachijuni Bank.

L'euro a également souffert des mauvais chiffres de la croissance allemande publiés mardi. Le produit intérieur brut n'a progressé que de 0,1% au deuxième trimestre par rapport au précédent, contre +0,4% attendu.

L'or, la valeur refuge en temps de crise (avec le yen et le franc suisse), valait 1.785/1.786 dollars mercredi matin à Hong Kong, contre 1.780 USD la veille en clôture.

Mardi, les Bourses européennes avaient subi un coup d'arrêt après la publication des chiffres décevants sur le PIB allemand. Les places étaient fermées lors des annonces du couple franco-allemand.

Paris avait fini en recul de 0,25%, Francfort de 0,45%, Madrid de 0,4O%, Lisbonne de 1,47% et Milan de 0,87%. Seules les places de Londres (+0,13%) et Zurich (+0,91%) avaient terminé dans le vert.

Parmi les propositions dévoilées mardi figurent notamment la création d'un «véritable gouvernement de la zone euro», l'adoption d'une règle d'or d'équilibre budgétaire par les dix-sept membres de la zone euro et l'instauration d'une taxe sur les transactions financières.

Cette dernière idée a été accueillie très froidement à Wall Street (qui était alors ouverte), où les valeurs bancaires ont nettement reculé, et l'action de l'opérateur boursier transatlantique NYSE Euronext a plongé de plus de 8%.

Au final, le Dow Jones a perdu 0,67% et le Nasdaq 1,24%.

Sur la question des euro-obligations, réclamées par certains dirigeants européens, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont, en revanche, montré leurs réticences.

La chancelière «ne croit pas que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui», tandis que le chef de l'Etat a jugé qu'elles mettraient «gravement en danger» les pays les mieux notés et ne pouvaient être que l'«aboutissement d'un processus d'intégration».

Avec ces pistes, les deux dirigeants espèrent faire retomber la pression sur les marchés financiers, en proie à des soubresauts depuis plusieurs semaines. Leur rebond entamé après la tempête boursière du début de semaine dernière a fait long feu.

Du côté de la croissance, l'Italie et l'Espagne, actuellement dans le viseur des marchés, ne peuvent se targuer d'avoir fait beaucoup mieux que l'Allemagne ou la France: la troisième et la quatrième économies de la zone euro ont vu leur PIB progresser de seulement 0,3% et de 0,2% entre avril et juin.

Mais Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont cherché à se montrer optimistes: «Je suis confiant sur les perspectives de la zone euro et du monde», a déclaré le président français, tandis que la chancelière se disait «pas du tout pessimiste sur les perspectives de la croissance».