Moins de 24 heures après avoir été portés par un vent d'optimisme, les marchés boursiers ont de nouveau cédé à la panique, hier. Les principaux indices ont de nouveau piqué vers le bas, d'abord en Europe, puis aux États-Unis, les investisseurs craignant que le ralentissement économique torpille les banques. Seule la Bourse de Toronto a été épargnée par la glissade.

La journée avait pourtant bien commencé sur les principaux parquets asiatiques et européens. Mais la pagaille s'est emparée des investisseurs dans la foulée d'une rumeur de décote de la France et la perspective qu'une des plus grandes banques d'Europe, la Société Générale, soit en difficulté. La panique s'est propagée comme une traînée de poudre dans les Bourses du Vieux Continent et de l'autre côté de l'Atlantique.

La Bourse de Paris a perdu 5,5% de sa valeur au terme de la journée, la pire séance depuis décembre 2008. Les Bourses de Francfort (-5,1%), Londres (-3,1%), Madrid (-5,5%) et Milan (-6,7%) ont elles aussi encaissé une raclée.

Dès l'ouverture, l'indice Dow Jones a piqué du nez à son tour. La Bourse new-yorkaise a terminé la journée en baisse de 520 points, ou 4,6%. Signe de la volatilité des marchés, ce même indice avait connu une croissance de 4% pas plus tard que la veille.

L'indice phare du S&P 500 a pour sa part reculé de 4,4% et le NASDAQ de 4,1%.

«Dans le monde, les conditions économiques se détériorent à la vitesse grand V, souligne Stéphane Gauthier, stratège et gestionnaire de portefeuille principal chez Fin-XO Valeurs mobilières. Ça va causer des problèmes avec de mauvais prêts.»

De fait, ce sont les banques qui ont été les plus malmenées hier. Surtout les banques européennes, que les investisseurs jugent trop exposées aux ennuis budgétaires des pays comme l'Italie et la Grèce. Les banques françaises détiennent des milliards en obligations de ces pays. On craint qu'elles perdent des sommes importantes si les modalités de remboursement devaient changer.

Selon une rumeur qui a circulé dans les milieux financiers, la Société Générale, l'une des plus grandes banques de France, est en difficulté. Malgré les démentis de la direction, l'action de l'institution a perdu 14,7% de sa valeur, baissant jusqu'à 22,5% en cours de séance. Crédit Agricole a pour sa part dévissé de 11,8%, BNP Paribas de 9,5% et Axa de 10,6%.

À New York, Bank of America a fondu de 10,9%, JPMorgan Chase de 5,6%, Citigroup de 10,5% et Wells Fargo de 7,7%.

«Tout est lié, c'est un système bancaire qui est mondial, souligne Charles Marleau, gestionnaire de portefeuille et président de Gestion Palos, à Montréal. Si je crois que tu risques de ne pas me rembourser, est-ce que je vais te prêter l'argent? Il commence à y avoir une peur.»

Bien des observateurs ont du mal à voir la cohérence dans le comportement des investisseurs au cours des derniers jours. Carl Simard, président de la firme de gestion de portefeuille Medici, estime que les marchés semblent craindre une nouvelle récession aux États-Unis, même si ce scénario n'est pas le plus probable pour le moment.

«Il y a certainement beaucoup de spéculation, souligne-t-il. Et il y a certainement un souvenir très vif de la crise financière de 2008 qui fait que, maintenant, les gens sont à fleur de peau.»

Pendant que les Bourses saignaient, le marché obligataire a recueilli les investisseurs paniqués. Le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans s'est replié à 2,137% contre 2,182% la veille. Celui du bon à 30 ans s'est approché de son creux historique, diminuant de 3,573% mardi soir à 3,538% hier.

L'or, valeur refuge, s'est lui aussi apprécié de 41,30$US l'once pour clôturer à 1784,30$US. En cours de séance, le métal précieux a franchi la barre des 1800$US l'once pour la première fois.

Toronto, un abri

Rare abri dans la tempête, la Bourse de Toronto a clôturé en légère hausse, hier. L'indice composé S&P/TSX a été porté par l'or et le pétrole pour gagner 89,63 points, une hausse de 0,74%.

Le titre de Barrick Gold, premier producteur mondial, a gagné 6,2% à mesure que le cours du métal précieux continuait de fracasser des records.

Goldcorp a pour sa part gagné 6,99%.