Il n'est pas facile d'ignorer le gros nuage noir qui flotte au-dessus des marchés mondiaux. Les États-Unis ont subi la décote, les Bourses ont décroché, et la peur d'une nouvelle récession est revenue à l'avant-plan. Au lieu de s'inquiéter, pourquoi ne pas se consoler en jetant un oeil à ce qu'il y a de positif sur le radar?

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

Robert Hogue et Sal Guatieri, respectivement économistes principaux chez RBC Banque Royale et BMO Marchés des capitaux, donnent quelques indices sur ce qui s'en vient de bien.

Le prix de l'essence

Le rebond des prix à la pompe hier à Montréal n'est pas une bonne indication de ce qui devrait survenir dans les prochaines semaines, selon les deux économistes. Le prix du pétrole a diminué de 20% dans les deux derniers mois, et les prix à la pompe devraient suivre. Cette baisse du prix de l'essence devrait soutenir les dépenses de consommation. Le secteur albertain de l'énergie n'apprécie certes pas cette baisse du prix du pétrole, «mais tant que le baril est au-dessus de 80$US, c'est assez élevé pour soutenir l'investissement dans les sables bitumineux», soutient Sal Guatieri.

Taux hypothécaires

Les risques que l'économie canadienne ne se porte pas aussi bien que prévu augmentent en même temps que les craintes sur l'état de l'économie américaine. Dans ce contexte, «on s'attendait à ce que la Banque du Canada augmente ses taux en septembre, mais il y a un risque qu'elle ne bouge pas d'ici la fin de l'année», dit Robert Hogue. Selon Sal Guatieri, il y a même une possibilité que la banque centrale sabre ses taux d'intérêt si la situation économique se détériore. Les détenteurs d'hypothèques à taux variable continueraient donc de profiter de taux très bas pour l'instant. Ceux qui signeront bientôt une hypothèque à taux fixe pourraient également tirer profit de la situation actuelle. Pour un terme de cinq ans, par exemple, les prêteurs se basent sur le marché des obligations gouvernementales canadiennes de cinq ans pour établir leur taux d'intérêt. Or, ce taux est passé de près de 2,40% à moins de 1,45% en un mois. «Il y aura une pression pour que les institutions refilent cette baisse à leurs clients», souligne Robert Hogue.

La valeur des maisons

De faibles taux d'intérêt pourraient soutenir le vigoureux marché immobilier canadien. «Le marché pourrait être plus fort qu'anticipé et si la demande reste ferme, la valeur des maisons pourrait légèrement augmenter, au lieu de diminuer», note Sal Guatieri. Tout n'est pas gagné, par contre. «Le coût et la disponibilité du financement sont une chose, la confiance est une autre chose, dit Robert Hogue. Il reste à voir ce que les ménages vont conclure dans la situation actuelle, voir si leur confiance sera entachée et s'ils décideront de se placer sur la touche. Dans ce cas, la demande d'habitations pourrait diminuer. Les jours et les semaines qui vont suivre vont donc être déterminants. Si les choses se stabilisent, peut-être que la confiance ne sera pas si durement frappée. Ça ne signifierait peut-être pas que la demande déjà très forte augmenterait, mais elle ne diminuerait peut-être pas autant que ce à quoi on s'attend présentement.»

Le prix de l'alimentation

Le maïs, le blé et le sucre, entre autres, ont enregistré des baisses de prix de 4 à 6% dans les derniers jours. Le prix du soya a chuté de 11%. Pour l'instant, les baisses ne sont pas aussi marquées que dans le secteur des métaux de base, par exemple, mais si la tendance est soutenue, cela pourrait se traduire par une détente à l'épicerie. «À tout le moins, ça va mettre un frein aux pressions inflationnistes qu'on a connues il y a quelques mois», estime Robert Hogue.

Le dollar canadien

Le dollar canadien a perdu du terrain en dépit la décote de la dette américaine, les investisseurs fuyant le marché des actions se réfugiant malgré tout dans les bons du Trésor américains. Il faut dire par contre que la baisse du prix des ressources, le pétrole en tête, a pesé sur le huard. «Chez nous, on ne serait pas surpris que le dollar se remette à monter dans une vague subséquente d'angoisse par rapport aux bons du Trésor américain», soutient toutefois Robert Hogue. Ce serait une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des consommateurs canadiens qui magasinent aux États-Unis, des importateurs ou des entreprises qui investissent dans du nouvel équipement. Ça resterait toutefois un fort vent de face pour les exportateurs. Chez BMO, la prévision est que le dollar canadien demeurera autour de la parité.