Premier concerné, le président Obama a tenu un discours volontariste depuis la Maison-Blanche, défendant le statut des États-Unis et assurant que l'Amérique mériterait toujours d'être notée «AAA», «quoi que disent certaines agences de notation».

«La bonne nouvelle, c'est que les problèmes économiques peuvent être résolus rapidement et que nous savons ce que nous devons faire pour les résoudre», a-t-il assuré, indiquant qu'il ferait ses propres recommandations dans «les prochaines semaines».

Mais le discours de Barack Obama est loin d'avoir rassuré: Wall Street a même enregistré un pic à la baisse au moment de son discours. La Bourse de New York a au final connu sa pire séance depuis décembre 2008. Le Dow Jones a abandonné 5,55% pour finir à moins de 11 000 points, pour la première fois depuis dix mois.

L'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto, lui, a chuté de près de 500 points, à son niveau de clôture le plus bas en un an. Il a terminé la séance en recul de 491,21 points, ou quatre pour cent, à 11 670,96, après un plongeon de 800 points la semaine dernière.

La panique a rattrapé les investisseurs sur les deux rives de l'Atlantique. Francfort avait plus tôt fini sa séance sur un plongeon de 5,02%, Paris sur une chute de 4,68% tandis que Londres lâchait 3,39%.

Les Bourses de Madrid et de Milan ont terminé sur des baisses respectives de 2,44% et 2,43%, relativement épargnées grâce à la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'acheter des obligations espagnoles et italiennes, dans le collimateur des marchés financiers ces derniers temps.

«Les investisseurs ont de plus en plus l'impression que l'on va au-delà de la crise financière, vers un risque systémique, et cela auto-entretient le vent de panique qui souffle sur les marchés», a résumé Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse, parlant d'un «scénario de découragement».

A Moscou, l'indice RST s'est effondré de près de 8% en clôture. Athènes a terminé la séance sur un plongeon de 6%.

En Asie, la Bourse de Tokyo a perdu 2,9%, Shanghai 3,8%, Sydney 2,9%, Séoul 3,8%, Hong Kong 2,1%. La Bourse de Bombay, elle, est retombée à son plus bas depuis 2010 (-3%).

Les Amériques ont suivi le mouvement de New York. A Toronto le principal indice a reculé de 4,04%. La Bourse de Sao Paulo, première place financière d'Amérique latine, a plongé de 8% en clôture, Buenos Aires de 10,73% et Mexico de 5,88%.

L'euro a cédé du terrain lundi face au dollar, s'établissant à 1,4170 dollar vers 16h45 contre 1,4281 dollar vendredi à 13h00

«La dégradation de la note américaine réveille les pires scénarios sur l'économie mondiale», avance Eric Edelfelt, gestionnaire d'actions chez Meeschaert Gestion Privée à Paris. «On peut tout imaginer: une dégradation des notes de pays de la zone euro».

Signe d'une grande nervosité, les actifs qui font office de valeur-refuge ont une nouvelle fois été pris d'assaut, comme l'or, dont l'once a dépassé 1720 dollars américains pour la première fois lundi sur le marché au comptant.

L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a brisé vendredi un tabou, en retirant aux États-Unis, première puissance économique mondiale, la prestigieuse note «AAA», attribuée aux emprunteurs les plus fiables.

Cette décision a créé une onde de choc au sein de la communauté financière, même si les deux autres grandes agences, Moody's et Fitch, n'ont pas franchi le pas, la première jugeant «prématuré» un éventuel abaissement tandis que la seconde y réfléchissait encore.

Pressés d'apporter une réponse concertée à la crise de la dette en zone euro, qui menace d'emporter de grands pays comme l'Italie et l'Espagne, et aux signes d'essoufflement de l'économie américaine, les dirigeants des pays les plus riches de la planète n'ont pas ménagé leurs efforts.

Les pays du G20 se sont, peu avant l'ouverture des places européennes, dits prêts à agir de concert pour stabiliser les marchés financiers et protéger la croissance, dans un communiqué.

Et d'assurer qu'«aucun changement dans les fondamentaux ne justifie les tensions financières subies récemment par l'Italie et l'Espagne».

Un peu plus tôt, les dirigeants et les banquiers centraux des sept pays les plus riches de la planète (G7) ont resserré les rangs en annonçant qu'ils allaient coopérer pour contrer des mouvements de change excessifs.

Selon le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, les gouvernements et banques centrales ont «largement de la marge» pour répondre à la crise.

La Banque centrale européenne (BCE) a tenté de jouer les pompiers en annonçant dès dimanche qu'elle allait racheter de la dette publique sur le marché secondaire ou de gré à gré.

Selon le ministre français de l'Economie, François Baroin, la BCE est prête à racheter de la dette espagnole et italienne, «si d'aventure il doit y avoir des investisseurs qui se retirent».

Conséquence: les taux auxquels se vendait la dette de Rome et Madrid, qui s'étaient envolés ces derniers jours au risque d'étouffer les deux pays, sont redescendus. Les rendements espagnols et italiens à dix ans sont repassés sous les 6%.

Economistes et analystes estiment que l'Italie est un trop grand pays pour être renfloué par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), comme c'est le cas de la Grèce. En cas de défaut de paiement, Rome et Madrid pourraient faire imploser la zone euro, affirment-ils. D'où les appels du président de la Commission européenne José Manuel Barroso et du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn à «réévaluer» le montant de ce fonds.

Mais l'Allemagne et la France, les deux piliers de l'Union monétaire européenne, divergent sur ce point.

Alors que Paris, par la voix de son ministre de l'Economie, a estimé que «s'il fallait aller plus loin, nous irions plus loin», Berlin a tout simplement opposé lundi une fin de non-recevoir, arguant que le FESF devait rester tel quel.

Créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal, le FESF est doté de 750 milliards d'euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros, jugée insuffisante pour sauver un pays comme l'Italie.

«La décision de la BCE n'est pas une arme fatale (...) avec un impact de la dégradation de la note des États-Unis difficile à évaluer», a prévenu Gilles Moëc, économiste chez Deutsche Bank.