Les hedge funds comptent parmi les acteurs les plus craints - et souvent les plus détestés - de la classe financière. Pourtant, ils jouent un rôle essentiel dans la stabilité des marchés et la recherche d'un rendement régulier, assurent un grand nombre de gestionnaires de portefeuilles. Portrait d'une industrie moins vilaine que l'on croit. Et qui a aussi une certaine saveur québécoise.

Souvent accusés de tous les maux, notamment d'avoir causé la crise financière en 2008, les hedge funds sont des outils essentiels pour la majorité des gestionnaires de portefeuilles.

Grâce à leur capacité de réaliser des rendements absolus stables et positifs, et ce, avec une volatilité réduite, les hedge funds prendront une place encore plus grande à l'avenir sur la scène de l'investissement, assurent les gens du milieu.

Dans la chasse aux coupables de la crise financière, ils ont vite été montrés du doigt principalement parce qu'ils utilisaient des stratégies de ventes à découvert, explique Mario Therrien, vice-président principal à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Cette technique, qui consiste à vendre des titres que l'on ne possède pas afin de les racheter plus tard à un prix inférieur et ainsi réaliser un profit, aurait précipité la chute des cours boursiers des grandes banques et institutions financières américaines et européennes. Les autorités gouvernementales ont alors jugé que cet effondrement des cours menaçait la survie même du système financier. Elles ont donc décidé d'interdire les ventes à découvert sur les titres des institutions financières.

Loin d'être les coupables de la crise financière, les hedge funds avaient donné de nombreux signaux concernant la pyramide spéculative qui se formait autour de l'immobilier et des produits structurés, selon Mario Therrien. «Les vrais responsables de la crise sont plutôt les banques et les autres institutions financières, tels les compagnies d'assurance et les prêteurs immobiliers, qui ont créé et investi dans les produits à la source de cette pyramide», dit-il. Pendant tout ce temps, les stratégies de la plupart des hedge funds consistaient à éviter le secteur financier, ou encore à tirer profit de la faiblesse du secteur par les ventes à découvert.

À chaque période de grande volatilité, ce sont les hedge funds qui ont découvert que ça ne marchait pas ou qu'il y avait fraude, rappelle le vice-président principal de la Caisse de dépôt, citant entre autres l'exemple d'Enron. «Ils ne se fient pas à la recherche des analystes des firmes de courtage, mais ils font plutôt leur propre recherche», dit-il.

L'investissement dans les hedge funds est une activité en croissance depuis 2003 à la Caisse de dépôt. Une équipe est spécialement affectée à trouver les meilleurs gestionnaires parmi plus de 8000 hedge funds partout au monde. Les actifs sous gestion des hedge funds totalisent aujourd'hui plus de 2000 milliards de dollars US.

La volatilité est le cancer des investisseurs

Si les hedge funds sont un des éléments de solution à la gestion d'actifs, c'est grâce à leur capacité de diminuer la volatilité des portefeuilles.

L'épisode de la crise financière a démontré que la volatilité est un réel cancer pour les investisseurs. Plusieurs ont vu leurs portefeuilles d'actions perdre 50% de leur valeur à cause de la chute dramatique des cours en 2008 et 2009. Pour revenir au point de départ et retrouver ce capital disparu, il fallait ensuite que le portefeuille double, soit une appréciation de 100%. Le chemin à refaire est donc beaucoup plus ardu.

C'est pourquoi les hedge funds s'appliquent à diminuer cette volatilité afin de préserver le capital pendant ces périodes de grands mouvements des marchés. «On veut profiter de la loi des rendements composés», dit Mario Therrien. En adoptant une gestion active et en tentant de neutraliser autant que possible le risque du portefeuille, on veut éviter de perdre son capital au moment des baisses de marché, même si pour cela on doit s'attendre à un rendement inférieur lorsque les marchés explosent vers le haut, explique-t-il.