La Bourse de Londres et la société boursière TMX pourraient offrir plus à leurs actionnaires afin de les convaincre d'appuyer leur projet de fusion, au cours de leur assemblée extraordinaire du 30 juin prochain à Toronto et à Londres.

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Autrement, suggèrent des analystes et des investisseurs, l'offre au comptant du consortium financier canadien Maple pourrait attirer assez d'actionnaires de TMX pour empêcher l'atteinte du minimum requis - soit les deux tiers (66%) des votes.

«Les dirigeants de LSE (Bourse de Londres) et de TMX pourraient faire plus que ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant. Car, à ce moment-ci, pour le seul aspect monétaire, les deux propositions sont très similaires du point de vue des actionnaires de TMX», estime Thomas Caldwell, chef de la direction de Caldwell Securities, de Toronto, et investisseur d'expérience.

Depuis lundi, les actionnaires de TMX ont en main les circulaires officielles des deux propositions pour le contrôle de l'entreprise qui chapeaute les Bourses de Toronto, de Montréal ainsi que le marché TSX-Croissance des petites capitalisations.

Le projet de fusion amicale entre LSE et TMX afin de créer un groupe boursier transatlantique est évalué à environ 47$ par action de TMX. Cette transaction serait réglée par un échange d'actions.

Quant à l'offre du groupe Maple de 13 grandes sociétés financières, dont la Caisse de dépôt et placement, la Banque Nationale, le Fonds de solidarité et le Mouvement Desjardins, elle est évaluée à 48$ par action de TMX.

Cette offre serait réglée au comptant jusqu'à concurrence de 70% des actions de TMX. Pour le reste, Maple propose un échange d'actions de la future société d'après-acquisition.

Mais, pour des analystes, la part en comptant de l'offre de Maple suscite un écart favorable de «perception de valeur» parmi les actionnaires de TMX face au projet avec LSE.

«Combler cet écart de valeur est un important défi à court terme pour TMX et de LSE», selon l'analyste Edward Ditmire, de la firme Macquarie à New York.

«Ils devront trouver le moyen de bonifier la valeur de leur proposition, peut-être par un dividende spécial à leurs actionnaires, quitte à s'endetter un peu pour le faire.»

Au Canada, les analystes des principales firmes boursières demeurent discrets parce que leurs patrons - les principales banques canadiennes - ainsi que plusieurs de leurs clients importants - les grandes caisses de retraite - participent au consortium Maple.

Mais, parmi les firmes indépendantes, l'analyste Jeff Fenwick, de Cormark Securities à Toronto, suggère aux actionnaires indécis de TMX de revendre leurs titres maintenant, autour de 44$ en Bourse, plutôt que d'endurer les incertitudes qui persisteront pendant des mois.

Parce que peu importe l'issue du vote des actionnaires de TMX sur le projet de fusion avec LSE, selon l'analyste, l'une ou l'autre des propositions sur la table restera à risque significatif d'un refus des autorités gouvernementales.

Entre autres, les commissions de valeurs mobilières du Québec (AMF) et de l'Ontario (CVMO) ont un droit de veto sur le changement de propriété des Bourses de Montréal et de Toronto.

Déjà hier, de New York où il est en voyage officiel, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a donné un indice de l'influence politique sur ce processus en déclarant «la nette préférence» préférence de son gouvernement envers le consortium Maple.

Par ailleurs, deux instances fédérales pourraient bloquer l'une ou l'autre des propositions sur la propriété future de TMX. Ou imposer des conditions restrictives.

Dans le cas de l'offre de Maple, le Bureau fédéral de la concurrence pourrait refuser la fusion planifiée de la Bourse alternative Alpha - principal concurrent canadien de la Bourse de Toronto - au Groupe TMX après sa prise de contrôle.

Or, cette fusion d'Alpha est au centre du plan d'affaires postacquisition de Maple, et donc de la valeur potentielle de ses futures actions promises en échange aux actionnaires de TMX.

Dans le cas de la mainmise de LSE sur TMX, le ministre fédéral de l'Industrie pourrait bloquer la transaction avec sa juridiction d'examen sur les investissements étrangers d'importance.

On a vu l'impact de cette juridiction fédérale il y a quelques mois lors du blocage de l'offre multimilliardaire du géant minier BHP Billiton pour l'achat de la société Potash, dans l'Ouest canadien.