Quatre sociétés financières, dont le Mouvement Desjardins, se joignent au groupe qui espère racheter la principale institution boursière du pays pour faire barrage à une mainmise de la Bourse de Londres.

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La Financière Manuvie, l'une des plus importantes sociétés d'assurance du pays, se rallie aussi au consortium qui convoite le Groupe TMX, société mère des Bourses de Toronto et de Montréal. Les firmes de courtage Dundee et GMP Capital se rangent à leur tour derrière ce groupe qui porte le nom nationaliste de Maple.

Une rumeur en ce sens avait d'ailleurs couru la semaine dernière.

Maintenant fort de l'appui de 13 des plus grandes sociétés financières du pays, le groupe Maple prévoit officialiser d'un jour à l'autre son offre d'achat hostile pour le Groupe TMX. Selon les estimations de Maple, son offre vaut 48$ l'action, dont 32,52$ en espèces, soit près de 3,6 milliards de dollars en tout et pour tout.

Pour Monique Leroux, présidente et chef de la direction de Desjardins, la vision de Maple «constitue un engagement réel à consolider la position de Montréal comme centre d'excellence financière».

La proposition de regroupement de la Bourse de Londres, qui sera soumise aux actionnaires du groupe TMX le 30 juin, comporte des dispositions qui inquiètent le milieu de la finance à Montréal.

Bien que la Bourse de Montréal soit appelée à rester dans la métropole, la direction des produits dérivés peut déménager ailleurs dans le monde à tout moment. Quant à la présence canadienne au conseil d'administration du futur groupe LTMX, elle peut être réduite à trois administrateurs au bout de quatre ans. Si ce scénario se concrétise, plus aucun siège ne sera réservé d'office à un administrateur du Québec.

En entrevue à La Presse, la semaine dernière, le chef de la direction de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, a rétorqué qu'«aucune place financière ne s'est construite sur des dispositions de protection réglementaire». Ce financier a exhorté Montréal à saisir l'occasion qui se présente à elle pour transposer son leadership dans les produits dérivés à l'extérieur du Canada.

Le Groupe TMX a refusé de commenter hier l'élargissement du groupe piloté par Luc Bertrand, ancien président de la Bourse de Montréal, aujourd'hui vice-président du conseil de la Banque Nationale.

Avec l'arrivée du Mouvement Desjardins chez les partenaires de Maple, tout le Québec inc. semble maintenant braqué contre l'offre d'achat de la Bourse de Londres. Cette offre par échange d'actions vaut 3,35 milliards de dollars, selon le cours de clôture de l'action de la Bourse de Londres vendredi.

Maple comptait déjà la Caisse de dépôt et placement du Québec, la Banque Nationale du Canada et le Fonds de solidarité de la FTQ parmi ses membres initiaux.

Le gouvernement du Québec ne s'est pas encore prononcé de façon formelle au sujet de cette fusion transatlantique, bien que le ministre des Finances, Raymond Bachand, ait exprimé des réserves et posé des conditions qui ne sont toujours pas respectées dans le texte de l'accord. Avant de donner sa position, le gouvernement du Québec attend toutefois les audiences publiques de l'Autorité des marchés financiers, qui se tiendront les 14 et 15 juillet.

Les partenaires de Maple ont accepté de réduire leurs participations éventuelles dans la Bourse de Toronto pour faire de la place aux nouveaux venus, qui obtiendraient 7% du capital du Groupe TMX. Les actionnaires existants du TMX détiendront encore 40% du capital de l'institution, selon la proposition Maple. En revanche, les caisses de retraite verront leurs participations réunies réduites à 31%, les firmes de courtage des grandes banques, à 22%.

Outre la Caisse de dépôt, la Nationale et le Fonds de solidarité, les nouveaux membres de Maple se joignent à des investisseurs institutionnels actifs d'un bout à l'autre du pays. Il y a l'Alberta Investment Management Corporation, l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, les banques CIBC, Scotia et TD, de même que le régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers').

En s'ouvrant à une coopérative, un assureur et des firmes de courtage, le groupe Maple sera en meilleure posture pour détourner la critique. Les détracteurs de ce consortium ont vu dans l'offre de Maple un retour à l'époque où les firmes de courtage des grandes banques contrôlaient la Bourse de Toronto et abusaient à l'occasion de leur position dominante.

L'appui de ces sociétés «fournit une indication claire selon laquelle notre offre visant l'acquisition du Groupe TMX est supérieure au projet de prise de contrôle présenté par la London Stock Exchange», a affirmé Luc Bertrand, l'instigateur et seul porte-parole de Maple, par voie de communiqué.

Pour joindre notre journaliste: scousineau@lapresse.ca