L'assureur Manuvie se joindrait au groupe Maple en vue d'acquérir la Bourse de Toronto, selon une dépêche de Bloomberg paru en fin d'après-midi hier. Desjardins, Marchés financiers Dundee et GMP Capital discuteraient également pour s'allier au groupe formé de neuf caisses de retraite et institutions financières, parmi lesquelles on trouve la Banque Nationale, la Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité FTQ, d'après un autre rapport de presse paru plus tôt dans la journée. L'ajout de partenaires donnerait la possibilité à Maple de bonifier son offre pour TMX (T.X).

Ni Manuvie, ni Desjardins, ni aucune autre des institutions nommées dans la presse n'a commenté la nouvelle hier. Pour sa part, le groupe Maple a répété qu'il était ouvert à l'élargissement du cercle de ses investisseurs.

«Nous avons eu des discussions avec d'autres groupes d'investisseurs et le processus continue, dit Jean-Sébastien Lamoureux, porte-parole du groupe Maple, qui n'a pas voulu identifier les parties avec lesquelles Maple est en pourparlers. On veut que notre offre soit inclusive et qu'il y ait de la place pour les autres acteurs qui partagent la même vision pour l'avenir.» Selon lui, l'ajout de partenaires au sein de Maple témoigne du caractère rassembleur de l'offre déposée par son organisation au sein de l'industrie financière canadienne.

Maple a rendu publique le 13 mai son offre d'achat du Groupe TMX d'une valeur de 3,58 milliards de dollars, ou 48$ l'action, en argent et en actions.

Le Groupe TMX a rejeté l'offre le 20 mai, parce qu'elle n'était pas meilleure, selon lui, que l'accord intervenu avec la Bourse de Londres le 9 février. Maple va envoyer directement son offre aux actionnaires dans les prochains jours. La direction du Groupe TMX a déjà indiqué que les actionnaires seraient appelés à voter en faveur de l'accord à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires, le 30 juin.

D'après le Wall Street Journal, les nouveaux venus dans Maple pourraient se partager jusqu'à 7% du capital-actions de la Bourse, les banques passeraient de 25 à 22%, la part des caisses de retraite reculerait de 35% à 31%. Celle du public dans la plateforme boursière resterait à 40%.

Maple souhaite renforcer le potentiel d'affaires de TMX en y fusionnant la Bourse alternative Alpha et la firme CDS, chargée de la compensation des transactions boursières canadiennes. Les deux sont actuellement contrôlées par l'ensemble des grandes banques canadiennes et le Mouvement Desjardins.

Les offres d'achat concurrentes de la Bourse de Toronto surviennent dans un contexte de consolidation des places boursières de la planète. Depuis six mois, des propositions d'achat ou de fusions de plus 30 milliards ont été déposées. Le gouvernement australien a récemment bloqué l'achat de la Bourse d'Australie par la Bourse de Singapour. Plusieurs approbations réglementaires sont requises avant de donner l'aval à l'une ou l'autre des deux offres en concurrence.

Dans un article paru dans La Presse Affaires le 17 mai, Luc Bertrand, ex-président de la Bourse de Montréal, coordonnateur du consortium Maple Acquisition et vice-président du conseil de la Banque Nationale, a soutenu que les avantages attribués aux regroupements internationaux de sociétés boursières étaient «surestimés».

«Les barrières réglementaires entre les pays sont telles que les Bourses qui se regroupent à l'international ont ensuite énormément de difficultés à rationaliser leurs opérations», a dit celui qui présidait la Bourse de Montréal au moment de son achat par la Bourse de Toronto, il y a quatre ans.

«La réalité, c'est que TMX fonctionne dans un contexte nord-américain. Et son principal défi, c'est de contrecarrer la migration de volume de titres canadiens vers les Bourses américaines.»

Avec Bloomberg