Luc Bertrand est vice-président du conseil de la Banque Nationale, ancien président de la Bourse de Montréal et coordonnateur principal du groupe Maple Acquisition. Voici un résumé de ses propos tenus hier en conférence et lors d'entrevues téléphoniques.

Q - En quelques mots, pourquoi la proposition de Maple pour TMX serait-elle meilleure que l'entente déjà convenue entre TMX et la Bourse de Londres?

R - D'abord, notre proposition comprend une prime considérable aux actionnaires de TMX, en comptant surtout. Ensuite, notre proposition est d'origine canadienne et TMX demeurerait sous contrôle canadien pour de bon, dans l'intérêt des marchés financiers d'ici. Enfin, TMX est déjà une entreprise boursière performante, notamment dans des créneaux comme les ressources naturelles. Mais elle pourrait l'être encore plus en intégrant davantage ses plateformes (actions, dérivés, compensation, etc.) pour mieux servir ses clients. Une telle intégration est souhaitée depuis des années dans le milieu financier canadien.

Q - En intégrant la Bourse alternative Alpha, le groupe TMX contrôlé par le consortium Maple posséderait 80% du marché canadien des actions. Est-ce trop dominant?

R - Non, je ne crois pas que ce soit un problème du point de vue des autorités canadiennes. En fait, la concurrence boursière pour TMX est déjà forte à l'échelle nord-américaine, avec ou sans la Bourse Alpha. De grandes capitalisations d'ici comme Barrick Gold, RIM et Potash sont négociées à plus de 60% sur les Bourses américaines. Par ailleurs, rien n'empêcherait d'autres Bourses alternatives d'émerger sur le marché canadien.

Q - Quel serait le sort de la Bourse de Montréal, comme filiale de TMX spécialisée dans les produits dérivés, par rapport à ce que propose l'entente avec la Bourse de Londres (LSE)?

R - La proposition de Maple est bien plus rassurante pour la continuité et le développement de la Bourse de Montréal. Dans les documents du LSE, je ne trouve rien qui assure le maintien à long terme de Montréal comme place d'affaires des produits dérivés, au-delà des engagements pris en 2008 lors de l'achat par la Bourse de Toronto.

En comparaison, avec Maple, la continuité à long terme de Montréal dans les dérivés ne fait pas de doute. Aussi, nous voulons utiliser son savoir-faire pour accentuer la croissance avec des projets comme l'intégration en Bourse des produits dérivés encore négociés au comptoir.

Q - À titre de principal coordonnateur du groupe Maple, et en tant qu'ex-président de la Bourse de Montréal, souhaitez-vous prendre la direction d'une société TMX contrôlée par les membres de Maple?

R - Pas du tout. J'ai le plaisir de travailler avec des collègues d'autres institutions financières (que la Banque Nationale) pour monter ce consortium. Ne lisez pas là-dedans que je veux devenir le prochain patron du groupe TMX. Ce n'est pas mon objectif. Mais si on me demandait de siéger à son conseil d'administration, là, ça pourrait m'intéresser.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter