Les négociateurs qui profitent des fusions et acquisitions font pour la première fois le pari qu'une offre plus généreuse coupera l'herbe sous le pied de la Bourse de Londres (London Stock Exchange, LSE) qui tente d'acquérir la Bourse de Toronto, propriété de TMX Group Inc.

Un groupe de banques canadiennes est en pourparlers avec des caisses de retraite du pays pour trouver une solution de rechange à l'offre de 3,1 milliards US de LSE de manière à ce que la propriété de la Bourse de Toronto demeure canadienne, a indiqué le patron de la caisse de retraite de l'Alberta. Ces discussions ont fait en sorte que le cours du titre de TMX a dépassé l'offre de LSE toute en actions dimanche dernier, une première depuis que le projet de transaction a été annoncé en février dernier. Les arbitragistes font donc le pari qu'une offre concurrente apparaîtra une fois que LSE aura obtenu l'approbation des autorités réglementaires, selon des données compilées par Bloomberg.

Hier, l'action de TMX a grimpé de 51 cents, à 40,38$, ce qui est plus élevé que l'offre évaluée à 39,60$ de la Bourse de Londres.

Si elle ne peut pas conclure le marché avec TMX, la Bourse de Londres, dont les racines remontent aux maisons de café du XVIIe siècle, risque de rater la plus intense ronde de consolidation de l'industrie. D'une valeur de 3,7 milliards US, la Bourse londonienne est un acteur modeste comparativement à celles de Hong-Kong et du Brésil, notamment. En ce qui concerne les banques canadiennes, qui ont les moyens de financer une offre au comptant, la propriété de TMX leur fournirait un marché qui représente l'une des valeurs les plus basses par rapport aux bénéfices. La Banque Toronto-Dominion, la Banque CIBC et la Banque Nationale, trois des plus importants prêteurs du pays, s'opposent à l'offre de la Bourse de Londres.

«LSE resterait en plan et elle serait contrainte de chercher une autre transaction», explique Sachin Shah, stratège en arbitrage de fusions chez Capstone Global Markets, à New York. «Les banques n'y gagneraient aucun avantage stratégique, ajoute-t-il. L'argent qu'elle verserait servirait essentiellement à obtenir une entreprise «boîte postale» et à essentiellement mettre la Bourse de Toronto hors de la portée de la Bourse de Londres et de tout autre entreprise étrangère.»

«TMX Group demeure complètement axé sur l'achèvement de l'entente avec la Bourse de Londres, a déclaré Carolyn Quick, porte-parole de TMX. Nous sommes convaincus que cette fusion représente une occasion sans précédent à la fois pour notre entreprise et pour les marchés de capitaux canadiens.»

L'offre de la Bourse de Londres pour TMX annoncée le 9 février dernier fait partie des offres de rachat de plus de 30 milliards US pour des Bourses en moins de six mois au moment où ces marchés tentent de réduire leurs coûts et de générer plus de revenus tirés de transactions sur des actions, des options et des contrats à terme.

Au cours des 12 derniers mois, la Bourse de Londres n'a dégagé que 17 cents pour chaque dollar touché en revenus, démontrent des données compilées par Bloomberg. La Bourse de Toronto a été deux fois plus rentable grâce à une marge de 34%.

L'acquisition de TMX aurait pour effet de créer une Bourse de 6,8 milliards US, ce qui supplanterait en valeur le NASDAQ OMX Group, de New York, ASX Ltd., de Sydney, en Australie, et la Bourse de Singapour, et elle en ferait l'une des plus importantes Bourses du monde.