Le projet de regroupement boursier entre Toronto et Londres, qui impliquerait aussi la Bourse de Montréal, continue d'inquiéter le milieu financier québécois.

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Cette fois, c'est la présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, qui sort un peu de la discrétion qu'elle a affichée jusqu'à maintenant en réclamant des «engagements clairs» de la part des promoteurs de la fusion boursière.

«Pour le moment, je vois des risques à cette transaction. Il devra y avoir des engagements clairs à l'égard de ces risques, sinon je ne suis pas certaine qu'on devra aller de l'avant», a commenté Mme Leroux, hier, après un discours devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Son discours portait sur les façons, du point de vue de Desjardins, de «créer une prospérité durable du Québec» selon des valeurs de coopération, d'éducation et d'innovation.

Mais, en point de presse, à une question de La Presse Affaires sur le projet de fusion boursière, la présidente de Desjardins a fait part de sa préoccupation en énumérant au moins trois «conditions» pour lesquelles elle exigera satisfaction de la part des dirigeants du groupe boursier TMX de Toronto, notamment.

«Avec leurs activités à Montréal, Toronto et à Calgary, ces Bourses sont des actifs stratégiques pour le Canada. Et sans être complètement fermée à examiner une proposition de transaction, je considère qu'elle mérite tout de même des engagements très très clairs», a indiqué Mme Leroux.

Par exemple, a-t-elle souligné, «toute l'activité des produits dérivés à Montréal, avec la Chambre de compensation, c'est quelque chose d'important pour Montréal, pour le Québec et pour le Canada».

Par conséquent, la transaction proposée devra non seulement viser à renforcement cette activité des dérivés, mais elle devra aussi contenir «des garanties solides que ça persistera pas juste pour deux ou trois ans, mais que ça sera ancré à Montréal pour le long terme».

Par ailleurs, la présidente de Desjardins attend des promoteurs de la fusion qu'ils maintiennent «des accès faciles aux marchés des capitaux pour l'ensemble de nos entreprises, en particulier pour les PME parce que c'est important au Québec».

«Leur dossier devra faire la démonstration que c'est tout à fait le cas», a insisté Mme Leroux.

Enfin, la présidente de Desjardins a dit s'attendre, à la suite de ce projet de regroupement boursier, à ce que «le contrôle de la réglementation des activités boursière devra évidemment demeurer canadien».

Quant à prendre position pour ou contre ce projet de fusion boursière, Mme Leroux a réitéré son intention d'en faire état lors de la consultation de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui est attendue au cours des prochaines semaines.

Cette réserve de Mme Leroux diffère de la forte opposition au projet de fusion boursière déjà exprimée par son principal concurrent au Québec: le président de la Banque Nationale, Louis Vachon.

N'empêche, les propos plus critiques émis hier par Mme Leroux faisaient écho à la divulgation récente par La Presse Affaires de l'absence dans des documents officiels du groupe TMX d'engagements à long terme sur le maintien à Montréal de la direction des produits dérivés, dans une éventuelle société boursière qui serait dirigée surtout de Londres.

Après cette divulgation, le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, a indiqué qu'il pourrait refuser la transaction en l'absence de garanties fermes de maintien et de développement des activités à Montréal de la part des promoteurs du regroupement boursier.

Son homologue ontarien, Dwight Duncan, s'est déjà déclaré très critique envers ce projet. De plus, un Comité spécial de la législature ontarienne a récemment réclamé des engagements plus fermes de maintien de l'influence canadienne dans la future société boursière regroupée.