Le Mouvement Desjardins a de fortes réticences face à la fusion des bourses canadiennes avec celle de Londres, et estime qu'elle doit être assortie de garanties fermes pour protéger les actifs canadiens.

«Je vois des risques à la transaction et il va devoir y avoir des engagements clairs à l'égard de ces risques-là, sinon je ne suis pas certaine qu'on devra aller de l'avant,» a indiqué la présidente et directrice générale de l'institution financière, Monique Leroux.

En février dernier, le Groupe TMX, qui exploite la Bourse de Toronto, celle des instruments dérivés à Montréal et d'autres marchés de valeurs mobilières au Canada, a annoncé qu'il comptait fusionner avec le London Stock Exchange (LSE) Group, propriétaire de marchés au Royaume-Uni et en Italie.

Selon les termes de la transaction, le LSE Group deviendrait l'actionnaire majoritaire de la nouvelle société.

S'adressant à la presse à l'issue d'une rencontre avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, jeudi, Mme Leroux a donné trois exemples des engagements qui seront requis avant que ne soit permis une telle fusion.

«Par exemple: toute l'activité des produits dérivés à Montréal, la Chambre de compensation, c'est quelque chose d'important pour Montréal, pour le Québec et pour le Canada», a-t-elle indiqué. «S'il y avait une proposition de transaction qui aurait pour objectif de renforcer, de développer et, au fond, d'avoir des garanties solides que l'activité - non pas seulement pour deux ou trois ans, mais bien à terme - sera fortement ancrée à Montréal, il pourrait y avoir des avantages.»

Deuxièmement, une telle entente ne devra pas miner la position des entreprises canadiennes. «Il est très important que l'on maintienne, pour l'ensemble de nos entreprises -les petites et moyennes entreprises au Québec et au Canada- un accès facile aux capitaux.»

Enfin, Mme Leroux a indiqué qu'il est essentiel que le Canada conserve le plein contrôle sur la réglementation des activités.

«Ce sont simplement trois points pour lesquels il devrait y avoir une démonstration claire dans les documents qui seront déposés auprès de l'AMF (Autorité des marchés financiers) pour qu'on soit capable de conclure», a précisé Monique Leroux.

Elle a fait valoir que le Canada ne pouvait brader ses bourses à n'importe quel prix. «La Bourse, avec les activités à Montréal, à Toronto, à Calgary, ce sont des actifs stratégiques pour le Canada. Dans ce contexte, sans être complètement fermée à examiner la proposition de transaction, elle mérite des engagements très très clairs.»