La Bourse de New York a fini en forte baisse mercredi, les investisseurs se montrant de plus en plus angoissés face à la possibilité d'une catastrophe nucléaire au Japon: le Dow Jones a perdu 2,04% et le Nasdaq 1,89%.

Selon les chiffres définitifs de clôture, le Dow Jones Industrial Average a abandonné 242,12 points à 11 613,30 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 50,51 points à 2616,82 points.

L'indice élargi Standard & Poor's 500 a lâché 1,95% (24,99 points) à 1256,88 points.

À Toronto, malgré la hausse des cours des matières premières, l'indice composé S&P/TSX a abandonné 22,14 points pour terminer la journée à 13 524,82 points.

Les craintes au sujet de la crise nucléaire japonaise ont convaincu les investisseurs de faire le plein de bons du Trésor américains pour une troisième journée consécutive, ce qui a fait reculer le dollar canadien de 0,08 cent US à 100,83 cents US.

Le Dow Jones, en baisse pour la troisième séance d'affilée, finit au plus bas depuis le 31 décembre dernier.

La place new-yorkaise a connu une journée «très agitée, très volatile», a observé Peter Cardillo, d'Avalon Partners.

«Le marché continue d'évoluer en fonction des nouvelles en provenance du Japon, mais aussi du Moyen-Orient, où la situation devient de plus en plus inquiétante», a-t-il expliqué.

À Bahreïn, les forces de l'ordre ont lancé un assaut sanglant contre des manifestants chiites, provoquant la mort de trois manifestants et deux policiers. Ces violences ont fait rebondir les cours du pétrole.

Mais les échanges ont surtout été animés par les nouvelles concernant la crise au Japon, où de nouveaux incendies se sont déclarés dans des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima.

Signe de la nervosité du marché, les indices ont brusquement accentué leur baisse quand le commissaire européen à l'Énergie Günther Oettinger a affirmé que la situation n'était plus sous contrôle, alors même qu'il avait déjà tenu des propos similaires la veille.

En deuxième partie de séance, le marché a creusé ses pertes quand les autorités nucléaires américaines ont annoncé que la piscine de stockage du réacteur 4 de Fukushima ne contenait plus d'eau, ce qui avait pour effet des niveaux «extrêmement élevés» de radiations.

«Le marché est probablement dans une phase de correction», a constaté Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management.

«L'inquiétude qui domine, c'est de savoir quels seront les dégâts provoqués par la situation au Japon, à la fois sur l'économie mondiale et sur le plan écologique et humain», a-t-il poursuivi. «Quand on voit à quel point les nouvelles sont mauvaises, on se dit que le marché est assez résistant», a-t-il estimé.

General Electric, qui a fourni des réacteurs à la centrale de Fukushima, a dégringolé de 3,37% à 18,95 dollars.

Les électriciens américains qui exploitent des centrales nucléaires ont été sanctionnés une nouvelle fois: Exelon a perdu 3,36%, Duke Energy 1,40%, Constellation 1,94%.

Le malaise des investisseurs a été accentué par des indicateurs décevants aux États-Unis. Les mises en chantier de logements y sont tombées en février près de leurs plus bas niveaux historiques, tandis que les permis de construire chutaient à un niveau jamais vu.

Du côté de l'inflation, les prix à la production ont affiché une forte hausse sur ce même mois (+1,6% par rapport à janvier).

Le groupe informatique IBM (-3,79% à 153,00 dollars) a signé la plus forte baisse au sein du Dow Jones. La maison de Bourse Sanford Bernstein a abaissé sa recommandation sur le titre à «neutre».

Dans l'assurance, Hartford Financial a reculé de 3,32%, AllState de 1,88%, MetLife de 2,58%. Le séisme et le tsunami au Japon depuis vendredi pourraient coûter jusqu'à 25 milliards de dollars au secteur, selon la société Eqecat, spécialisée dans la modélisation du risque.

Aflac, très présent au Japon, a encore perdu 0,43% à 50,67 dollars, après avoir perdu 9% en trois jours. Les analystes de Deutsche Bank ont pourtant recommandé d'acheter le titre du groupe, estimant que sa capacité à générer du capital devrait compenser les pertes dues à la catastrophe au Japon.

Le fabricant américain de mémoires DRAM Rambus a bondi de 4,00% à 19,52 dollars, après l'annonce du renouvellement de son partenariat avec Toshiba.

Le marché obligataire est encore monté. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 3,212% contre 3,323% mardi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,388% contre 4,468% la veille.