Les investisseurs qui cherchent un repère comparatif pour les entreprises québécoises inscrites en Bourse ont un nouvel outil à leur disposition.

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Il s'agit de «l'Indice Québec» lancé aujourd'hui par la Banque Nationale, après quelques mois de préparation.

Cet indice regroupe les entreprises et les fiducies de revenus dirigées du Québec dont la capitalisation négociée à la Bourse de Toronto atteint au moins 150 millions, et au prix minimal d'un dollar chacune.

Il s'agit de la liquidité de marché d'une entreprise ou «float» dans le jargon boursier. Ça exclut donc les actions spéciales, souvent à votes multiples, qui sont détenues par les fondateurs et les dirigeants de certaines entreprises québécoises.

Avec ces conditions, l'Indice Québec démarre avec 58 entreprises: de la multimilliardaire Bombardier à la PME d'énergie Boralex. En passant par des capitalisations intermédiaires telles que Cascades, Canam et Garda Sécurité.

Mais afin d'éviter que l'Indice Québec soit dominé par quelques grandes capitalisations établies ici, telles que Bombardier, le Canadien National et la Financière Power et BCE, ses concepteurs l'ont doté d'un plafond de pondération de 5% par titre.

Cette pondération sera l'objet d'un rééquilibrage des titres deux fois l'an, en avril et en octobre. On révisera aussi la liste des entreprises afin d'en ajouter ou d'en soustraire, selon leurs progrès en Bourse.

Les gestionnaires de l'Indice Québec n'ont pas établi de nombre minimal ou maximal de titres. Mais une fois admise, une entreprise pourra voir sa capitalisation minimale glisser de 150 à 100 millions avant d'être retirée.

«Cette marge de manoeuvre permettra de réduire les changements de la liste d'entreprises, surtout les petites capitalisations», a expliqué Jean-Philippe Cousineau, superviseur du nouvel Indice Québec à titre de directeur des services aux investisseurs institutionnels à la Financière Banque Nationale (FBN).

D'ailleurs, c'est parmi les gestionnaires de gros portefeuilles boursiers qu'est parvenu le plus d'intérêt initial pour l'Indice Québec.

Selon M. Cousineau, la FBN prend ainsi le relais de sa concurrente, Capitaux Scotia, qui a abandonné ses indices boursiers du Québec en décembre dernier.

Entre temps, les trois autres indices québécois sont à utilisation spécialisée.

Un indice géré par la filiale boursière de la Banque de Montréal (BMO) est concentré sur les petites capitalisations

Les indices IQ-30 et IQ-60 gérés par le Département de finance de l'Université de Sherbrooke, qui sont pondérés selon l'actif des entreprises au Québec, ont une diffusion limitée. Au mieux, l'indice IQ-30 sert de barème aux obligations boursières promues par Placement Québec, une division du ministère québécois des Finances.

Quant au nouvel Indice Québec, on s'attend à la Banque Nationale à ce qu'il serve d'abord de barème pour les gestionnaires de placements en actions québécoises.

Quant à susciter des projets de fonds indiciels, en vente directe ou négociés en Bourse, ce n'est encore qu'un souhait des concepteurs de l'Indice Québec.

«C'est possible, selon la demande parmi les investisseurs. Nous n'avons pas encore fait de démarché spécifique», a indiqué M. Cousineau.

Cela dit, les simulations de l'Indice Québec effectuées ces dernières semaines suggèrent qu'il aurait plutôt bien tenu la route aux côtés de l'indice de S&P/TSX de la Bourse de Toronto.

D'un niveau initial de 1000 points le 30 septembre, et jusqu'à vendredi dernier, l'Indice Québec aurait réalisé un rendement total de 11,8%. En comparaison, l'indice S&P/TSX de Toronto affiche un rendement total de 14,7%.

Selon M. Cousineau, l'écart serait attribuable à la forte poussée des titres de ressources naturelles et d'énergie, qui pèsent maintenant près de la moitié de l'indice S&P/TSX.

«Ce sont des secteurs volatils à la Bourse de Toronto. Le nouvel Indice Québec est plus diversifié et devrait être moins volatil que l'indice torontois.»