C'est au plus tôt en mai, sinon en juin, que l'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) prévoit amorcer ses consultations sur le projet de regroupement des bourses de Londres et de Toronto, qui englobe aussi la Bourse de Montréal.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Ces consultations ont été confiées à l'AMF par le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, après l'annonce il y a deux semaines du projet de regroupement boursier évalué à 3,2 milliards.

Mais déjà, le délai de trois à quatre mois prévu à l'AMF pour organiser son «processus de consultations» contraste avec l'empressement manifesté par les autorités financières et politiques de l'Ontario.

Selon la presse d'affaires de Toronto, le gouvernement ontarien annoncera demain la formation d'un «comité législatif spécial» qui sera composé d'élus des partis représentés au parlement provincial de Queen's Park.

Ce comité aura pour mandat d'examiner le projet de regroupement boursier avec, évidemment, une attention particulière sur son impact sur le milieu financier à Toronto et ses quelque 300 000 emplois.

Le comité législatif spécial de l'Ontario se penchera aussi sur l'impact du projet de regroupement boursier sur le financement de l'industrie minière dans cette province, qui dépend beaucoup de la Bourse de Toronto et de ses voisins financiers de Bay Street.

Pendant ce temps, au cabinet du ministre québécois des Finances, on indique vouloir s'en tenir à la cadence de consultations prévue par l'AMF. Mais sans écarter pour le moment la formation d'un comité spécial inspiré de l'Ontario.

«La décision de l'AMF est indépendante des décisions qui pourraient être prises tant par les autorités fédérales que par les autres régulateurs provinciaux et étrangers. Par ailleurs, le gouvernement du Québec évaluera la pertinence de former un comité pour évaluer les impacts provinciaux du projet de fusion», a indiqué l'attaché de presse du ministre, Catherine Poulin.

Par l'entremise de leurs régulateurs financiers, l'AMF et la CVMO, les gouvernements de l'Ontario et du Québec ont droit de regard sur un changement de contrôle de la société boursière TMX parce qu'elle comprend la bourse d'actions de Toronto et la bourse de produits dérivés de Montréal.

Mais aussi, souligne-t-on au cabinet du ministre Bachand, le projet de regroupement boursier entre Londres et Toronto est désormais soumis à l'échéancier de révision par l'agence fédérale Investissements Canada, qui a juridiction sur les acquisitions et les fusions d'entreprises importantes par des intérêts étrangers.

Cette révision ordonnée par le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, pourrait durer de 45 à 75 jours après la réception des documents officiels que doivent soumettre les sociétés boursières LSEG de Londres et TMX de Toronto.

Par conséquent, du point de vue du ministre québécois des Finances, il n'y a pas encore d'empressement de la part de l'AMF à lancer ses propres consultations.

«En l'absence de demande officielle (de TMX et LSEG), les paramètres des audiences de l'AMF n'ont pas encore pu être déterminés. Il est donc prématuré de parler de dates à ce stade-ci», selon la porte-parole du ministre.

Par ailleurs, en entrevue à l'agence d'informations financières Bloomberg, le chef de la direction de TMX, Thomas Kloet, a réaffirmé que le regroupement avec Londres «doit se faire» afin de créer un «intervenant offensif» qui soit capable d'effectuer d'autres acquisitions et fusions dans le milieu boursier aux États-Unis et ailleurs dans le monde.