Pour la Bourse de Montréal et son marché des produits dérivés, l'acquisition de la société TMX de Toronto par la Bourse de Londres (LSE) serait un deuxième changement de contrôle en trois ans à peine.

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Mais cette fois-ci, selon son président Alain Miquelon, le potentiel d'affaires pour la Bourse de Montréal d'un tel regroupement transatlantique serait plus important que lors de la transaction précédente de 2008.

«En nous affiliant à la Bourse de Londres, nous obtiendrons une nouvelle opportunité d'aller jouer sur l'échiquier mondial avec nos capacités de gestion et de développement de marché de produits dérivés», a souligné M. Miquelon lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

Il siège aussi au conseil d'administration du regroupement sectoriel Finance Montréal lancé récemment par le milieu financier et le gouvernement du Québec.

Pour le moment, le plan d'affaires promu par LSE et TMX pour leur après-transaction prévoit que la filiale Bourse de Montréal de TMX obtiendra la direction des activités de produits dérivés de la future entreprise regroupée.

Entre autres, ça signifie que la Bourse de Montréal, qui gère deux marchés de dérivés à Montréal et à Boston (BOX), ajoutera la supervision des deux Bourses actuelles de dérivés de LSE en Europe: le marché IDEM en Italie et le marché EDX à Londres.

«Les groupes LSE et TMX ont chacun des activités croissantes dans les produits dérivés qui pourraient bénéficier d'un développement conjoint», estime Stephen Borland, analyste des services financiers chez GMP Securities à Toronto.

Un bémol toutefois: ces Bourses IDEM et EDX du groupe LSE demeurent modestes en Europe, avec un volume combiné qui est inférieur de moitié à celui des marchés de Montréal et de Boston.

Aussi, la concurrence dans les dérivés risque d'augmenter considérablement si un autre projet de regroupement boursier ébruité hier, entre NYSE Euronext de New York et Deutsche Börse d'Allemagne, se réalise au cours des prochains mois.

Ces deux sociétés boursières ont des filiales de dérivés, NYSE Liffe et Eurex, qui pèsent déjà très lourd sur les marchés transatlantiques.

Technologie commune

Devant ce défi potentiel, le président de la Bourse de Montréal souligne que les quatre Bourses qui seraient sous sa supervision en Amérique du Nord et en Europe partagent déjà la même plateforme technologique de transactions.

Il s'agit du système Sola qui est développé et commercialisé par la Bourse de Montréal depuis quelques années.

«Nous connaissions bien le groupe LSE comme client de Sola pour ses filiales de dérivés. De plus, LSE a une division de commercialisation de services boursiers qui est plus développée que celle de TMX à Toronto, et dont la Bourse de Montréal pourrait bénéficier pour étendre son marché en Europe», selon M. Miquelon.

«C'est pourquoi ce projet de regroupement entre TMX et LSE est bien accueilli et motivant parmi notre personnel à Montréal.»

En fait, des 225 employés de la Bourse de Montréal, la moitié environ travaille dans les technologies transactionnelles.

Cela dit, avant d'aborder ses nouvelles ambitions au sein du groupe LSE, Alain Miquelon sait que ses collègues et lui de TMX à Toronto devront d'abord convaincre les autorités d'ici des mérites d'un tel regroupement boursier avec Londres. Le gouvernement du Québec en particulier, qui a un droit de regard décisif sur un changement de contrôle chez TMX depuis l'entente conclue lors de son achat de la Bourse de Montréal, il y a trois ans.

À cet effet, le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, a déjà mandaté l'Autorité des marchés financiers (AMF) de tenir des audiences publiques.

«Nous nous attendons à un processus d'audiences rigoureux de la part de l'AMF, comme en 2008. Mais nous sommes aussi confiants de répondre à leurs préoccupations», a conclu le président de la Bourse de Montréal.