L'aggravation soudaine des problèmes politiques en Égypte inquiète les principales Bourses du monde, qui ont terminé la semaine avec l'une des pires séances baissières depuis trois mois.

En contrepartie, la crainte que cette crise égyptienne s'étende vers des pays exportateurs d'énergie en Afrique du Nord et au Moyen-Orient a fait bondir les cours du pétrole.

Aussi, les cours des valeurs refuges habituelles comme l'or et le dollar américain ont bénéficié de ce sursaut d'agitation dans une région du monde déjà connue pour ses tensions sociales et politiques.

«Après la Tunisie, la situation en Égypte introduit un important facteur d'incertitude que les marchés n'avaient aucunement anticipé jusqu'à tout récemment. Si ça devait déraper, ça pourrait devenir un élément déclencheur d'une correction en Bourse, après des semaines de confort relatif», a commenté François Barrière, vice-président pour les marchés des devises et les services internationaux à la Banque Laurentienne.

Sur la Bourse américaine, hier, les principaux indices ont subi des baisses de l'ordre de 1,7%. Précédemment, les principaux indices boursiers d'Europe avaient reculé d'un peu plus de 1%.

Pendant ce temps, la principale mesure de stress boursier, l'indice VIX de la Bourse des options de Chicago, a bondi de 22% hier après les informations d'un déploiement militaire dans les rues du Caire, la métropole et la capitale d'Égypte.

Au Canada, cependant, les principaux indices de la Bourse de Toronto ont pu limiter les dégâts à court terme grâce à la forte influence haussière provenant des titres du pétrole et de l'or.

L'indice de marché S&P/TSX a clôturé en très faible hausse de 0,2%, à 13 437 points, ce qui lui a permis de préserver un léger gain de 0,7% pour la semaine.

En comparaison, les principaux indices de la Bourse américaine affichent une semaine négative après avoir subi un vendredi très baissier.

À lui seul, le prix du pétrole brut a grimpé de 4% en quelques heures, à 89,34$US le baril. Il s'agit de sa plus forte hausse journalière depuis septembre 2009, selon l'agence Bloomberg.

«Après la chute de régime en Tunisie, les problèmes en Égypte suscitent des inquiétudes envers toute la région. Certains craignent qu'ils s'étendent vers des pays comme l'Iran qui sont très importants pour les approvisionnements pétroliers du monde», a résumé Paul Bisko, stratège boursier des économies émergentes à la Banque Royale.

À la Bourse de Toronto, les actions de grandes sociétés pétrolières comme Suncor Energy ont bondi de 5% en moyenne. Les actions de grandes sociétés aurifères comme Barrock Gold affichaient des gains d'environ 3%.

Parmi les valeurs refuges préférées des investisseurs, l'or a encore gagné 1,6%, ou 22$US hier, jusqu'à 1340$US l'once.

«Après des semaines de revente et de prises de profits dans les métaux précieux, ces nouvelles tensions politiques en Égypte incitent plusieurs investisseurs à revenir comme acheteurs», selon Arthur Salzer, gestionnaire de placements chez MacNicol&Associates, à Toronto.

«Les investisseurs se tournent vers la sécurité. Les événements en Égypte accroissent le sentiment d'incertitude en Bourse qui s'est ravivé après les résultats mitigés de grandes entreprises américaines, comme Ford», a indiqué pour sa part Jack Ablin, directeur des placements chez Harris Private Bank à Chicago, filiale de la Banque de Montréal (BMO).

Quant au dollar américain, il s'est apprécié de près de 1% en moyenne par rapport aux principales devises des économies développées.

Et même face au dollar canadien, habituellement favorisé par la hausse du prix du pétrole, le taux de change du dollar américain s'est apprécié de 79 centièmes de cent. Par conséquent, le dollar canadien est repassé légèrement sous le seuil de parité pour clôturer à 99,89 cents US.

- Avec Bloomberg