Le choix est difficile: vaut-il mieux investir dans Apple (AAPL), qui carbure à plein régime et dont l'action est dopée par l'enthousiasme, où dans Research in Motion (RIM), qui traîne derrière à prix d'aubaine?

Notre arbitre de la semaine est Carl Simard, président de Medici gestion de portefeuille stratégique. Il tranche ce match boursier en accordant une mince victoire à Apple, non sans servir un avertissement.

«Ce n'est pas pour le commun des mortels ou pour tous les portefeuilles. C'est pour quelqu'un qui a un seuil de tolérance au risque élevé», dit-il.

Difficile d'imaginer deux entreprises plus différentes.

Avec ses iPhone, iPad, iPod et autres bidules électroniques, Apple semble systématiquement accoucher de produits qui touchent le coeur des consommateurs.

«Apple, c'est in. On achète la convivialité, la perfection, on l'aime d'amour», dit M. Simard.

En fait, selon lui, l'entreprise pourrait difficilement mieux performer. «Apple fait tout correctement. La société a une bonne technologie et une excellente stratégie de commercialisation. Tout est développé, tout est en place», dit M. Simard.

Le hic, et il est majeur, c'est que si l'entreprise est populaire chez les consommateurs, elle l'est aussi auprès des boursicoteurs. L'action a gagné rien de moins que 53% depuis le début de l'année. Elle a clôturé au prix stratosphérique de 320,29$US hier, ce qui soulève une question: reste-t-il encore de la place pour des gains potentiels?

Selon M. Simard, le prix actuel de l'action reflète des attentes de croissance de 25% au cours des prochaines années.

«À moyen terme, c'est tout un défi. Les seules choses qu'Apple ne peut pas contrôler, ce sont la capacité d'absorption du marché et la concurrence, qui va quand même gruger des parts de marché», dit-il, soulignant que Samsung, Nokia, Google et Motorola préparent des répliques aux appareils d'Apple.

Du retard chez RIM

Le portrait est tout autre du côté de Research in Motion, qui dévoilera ses résultats financiers demain. Le PlayBook, réplique de l'entreprise canadienne au iPad d'Apple, suscite certes de l'intérêt... mais arrivera après la lucrative période des Fêtes.

M. Simard a peur de voir apparaître des pépins technologiques et s'inquiète du fait que RIM a peu d'expérience de commercialisation auprès des consommateurs.

«RIM n'a jamais vraiment vendu des appareils au détail. Sa spécialité, c'est la clientèle d'affaires» rappelle-t-il.

L'action de RIM a perdu plus de 10% depuis le début de l'année, ce qui pourrait en faire une aubaine. Mais M. Simard n'a pas confiance.

«RIM joue du hockey de rattrapage. Et quand tu fais du rattrapage, tu es plus susceptible de faire des erreurs.»

Le titre a perdu 0,64% hier pour clôturer à 60,86$. Selon M. Simard, il deviendra attrayant s'il continue de chuter pour atteindre 50$. Entre temps, le gestionnaire prend le risque de racheter des actions d'Apple.

«Le titre d'Apple est très risqué en raison d'une croissance future anticipée très élevée déjà imbriquée dans son cours. Mais l'entreprise est davantage en contrôle de sa destinée que RIM», résume-t-il.