Tiendra, tiendra pas? La ronde de résultats trimestriels d'entreprises qui commence en Bourse pourrait donner le ton des perspectives économiques à moyen terme, estiment des analystes de marchés.

En particulier, est-ce que les attentes de hausse des bénéfices tiendront la route en dépit de récents indicateurs économiques mitigés aux États-Unis?

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«Les prévisions de bénéfices des analystes demeurent plutôt haussières, même si l'économie américaine semble avoir atteint un tournant, souligne David Rosenberg, économiste en chef et stratège de marchés chez Gluskin Sheff, firme de gestion de fortunes privées à Toronto. Les récentes données économiques aux États-Unis étaient presque toutes inférieures aux attentes. Or, en sera-t-il de même avec les résultats d'entreprises au deuxième trimestre?»

Dans un tel cas, ce serait de mauvais augure pour la conjoncture économique aux États-Unis au cours des prochains mois, appréhende Peter Gibson, directeur de stratégie boursière chez Marchés mondiaux CIBC.

«Si la rentabilité des entreprises s'avère beaucoup plus faible que prévu au deuxième trimestre de 2010, ce sont les perspectives de stabilisation et de lente reprise de l'économie américaine qui seraient compromises», selon M. Gibson.

Pour le moment, le consensus parmi les analystes de la Bourse américaine fait état d'une hausse moyenne de bénéfice de 30% au deuxième trimestre, sur une base annualisée.

Si elle s'avère, ça serait très inférieur au taux moyen proche de 60% observé au premier trimestre de 2010, par rapport à trimestre de récession d'un an plus tôt.

«Les prochains résultats trimestriels seront très importants, tant pour la viabilité des bénéfices subséquents et la valeur boursière des entreprises que pour l'économie nord-américaine au cours des prochains mois», selon Peter Gibson.

Il a fait ce commentaire au cours d'un briefing de presse sur invitation tenu par CIBC Marchés mondiaux hier à Montréal. Cet échange a eu lieu en marge d'une série de rencontres avec des gestionnaires de portefeuilles institutionnels.

Outre M. Gibson, stratège boursier réputé à Toronto, l'équipe de tournée de Marchés mondiaux CIBC à Montréal comprend Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de la banque.

À son avis, l'économie américaine fera face à de sérieux vents contraires au cours des prochains mois. Cela risque aussi de déborder au nord de la frontière, en dépit du meilleur état financier et fiscal du Canada.

«Je suis plutôt pessimiste quant à l'économie américaine d'ici 12 mois. La croissance pourrait ralentir à seulement 1% ou 2% en terme annualisé», selon Benjamin Tal.

«Tant le marché résidentiel que celui de la consommation aux États-Unis sont dans une situation telle que Washington pourrait décider d'autres mesures de détente du marché du crédit.»

Grâce à la récente correction boursière de la mi-avril à la mi-juin, Peter Gibson s'attend à un rendement proche de 10% d'ici la fin de l'année pour les deux principaux indices boursiers en Amérique du Nord: le S&P/TSX au Canada et le S&P 500 aux États-Unis.

Quant aux marchés obligataires, les perspectives demeurent «très fragiles», selon M. Gibson.

«Jusqu'à maintenant, les autorités américaines ont pu maintenir ces marchés dans un certain écart de variation. Mais combien de temps cela pourra tenir?» souligne le stratège de Marchés mondiaux CIBC.

«La récente crise de dette publique en Grèce et dans la zone euro a permis aux États-Unis de gagner du temps. Et de s'éviter sans doute une hausse de taux directeur par la Fed (Réserve fédérale américaine) qui aurait été forcée par la pression du marché obligataire, malgré la faiblesse de l'économie.»