Les Bourses mondiales déclinaient encore jeudi, angoissées par plusieurs signaux d'alertes qui leur font craindre un brutal retour de la récession mondiale: chômage américain en hausse, note de l'Espagne sous pression, et pire, doutes sur la croissance chinoise.

À 13H00 (7h00 heure de Montréal), les Bourses européennes perdaient en moyenne 0,80%. Paris cédait 1,23%, Londres 0,97%, Francfort 0,46%, Madrid 1,23%. Tokyo avait chuté de 2,04% et en Chine, Shanghai a reculé de 1,02%, en raison d'un accès de  faiblesse de la production manufacturière en juin.

La crainte majeure des économistes est celle d'une récession retombant comme un soufflé : «double-dip recession» (récession en «double creux» ou «en W»), un scénario-catastrophe où la timide reprise de ces derniers mois serait suivie d'une brutale rechute.

Le marché était aussi fébrile avec l'arrivée à échéance d'un prêt massif de la BCE aux banques de la zone euro, au taux exceptionnellement bas de 1%.

L'institution de Francfort a en effet prêté il y a un an 442 milliards d'euros à plus de 1 000 banques de la zone euro. La fin de cette opération et la capacité des banques à rembourser ce prêt, va être un test de leur solidité.

Plusieurs indicateurs ces derniers jours alimentent la crainte de la rechute, dont une mise en garde de la Banque des règlements internationaux.

La banque centrale des banques centrales a averti lundi des risques de rechute si les gouvernements n'adoptent pas rapidement des plans de rigueur, remplaçant leurs plans de relance de l'an dernier. Faute de quoi, les marchés perdront soudainement confiance, a averti l'institut de Bâle.

Les marchés attendent maintenant avec anxiété la parution vendredi des chiffres du chômage pour juin, l'un des indicateurs qui jauge le mieux la reprise ou non aux États-Unis.

Or l'enquête du cabinet ADP publiée mercredi montre que les créations nettes d'emplois dans le privé ont chuté de 77% en juin par rapport à mai, quand les analystes attendaient une hausse. Un signe que l'économie américaine devrait renouer avec les destructions d'emplois après 5 mois d'embellie, et voir remonter le taux de chômage.

Autre mauvais présage, cette fois en Europe, l'agence de notation financière Moody's a abaissé jeudi les notes de cinq régions de l'Espagne, après avoir menacé mercredi de dégrader la note souveraine de ce pays.

L'Espagne a cependant réussi jeudi à lever 3,5 mds EUR d'obligations à 5 ans à un taux qui est resté contenu à 3,657%, ce qui a un peu rassuré les marchés, tout comme l'annonce d'un nouveau prêt d'urgence de la BCE aux banques vendredi midi, de 111,2 milliards d'euros.

Les Bourses européennes, qui avaient plongé de 2% voire 3% en matinée, ont alors limité leurs pertes. L'euro est même repassé au dessus de 1,23 dollar.

Mais dans ce contexte de méfiance, les bonnes nouvelles étaient négligées, comme le regain de confiance des entreprises japonaises mesurées par l'indice Tankan, au plus haut depuis 2 ans en juin.

Idem pour les ventes de détail en Allemagne, en hausse de 0,4% en mai, jugées comme illustrant la panne de la consommation allemande, ou encore la production industrielle française en juin, dont la croissance est la plus faible depuis août 2009.