Leurs défis sont plus complexes que jamais auparavant. Et les attentes de résultats culminent après deux ans de crise financière et de chocs boursiers.

N'empêche, les principaux gendarmes boursiers du monde, qui concluaient leur congrès annuel hier à Montréal, constatent qu'ils doivent collaborer comme jamais pour réparer et contrer les failles de marchés qui se sont multipliées depuis deux ans.

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«Le temps est venu de changer notre approche de la réglementation. Au lieu d'une approche institution par institution, nous devons désormais penser en termes de risques pour tout le système de marchés», a résumé Jane Diplock, présidente du comité exécutif de l'Organisation internationale des commissions de valeurs mobilières.

Mme Diplock est aussi présidente de la commission de valeurs mobilières de Nouvelle-Zélande.

À ses côtés, en table ronde de fin de congrès, la présidente de l'influente Securities and Exchange Commission (SEC) américaine, Mary Shapiro, a cité des exemples de ces «risques systémiques»: l'essor rapide des marchés indépendants des grandes Bourses, l'influence grandissante des négociants-minute sur les fluctuations des prix et des indices...

C'est d'ailleurs ce que les régulateurs boursiers soupçonnent d'avoir provoqué le krach éclair du 6 mai dernier, alors que l'indice américain Dow Jones a plongé de 1000 points en quelques minutes, sans justification immédiate.

Coupe-circuits

À la SEC, ce krach éclair a mené à la mise à l'essai de coupe-circuits sur les actions d'entreprises de l'indice S&P 500. Ils stopperont les transactions sur les actions qui fluctuent de plus de 10% en moins de cinq minutes.

Cette mesure a été annoncée hier à Washington, puis confirmée à Montréal par la présidente de la SEC.

Mais pour d'importants intervenants des marchés boursiers, l'efficacité de tels coupe-circuits s'annonce limitée.

«L'un des principaux problèmes du krach éclair du 6 mai provenait des «market makers» (mainteneurs de marchés), qui se sont soudainement retirés, laissant le champ libre à des systèmes automatisés», a suggéré Gary Cohn, président et chef des opérations de Goldman Sachs, plus grosse banque d'investissement de Wall Street.

Selon M. Cohn, ces market makers devraient être soumis à de nouvelles obligations de continuité d'activités même en cas de tumultes majeurs.

Les yeux rivés sur le G20

Mais avant d'envisager de nouveaux règlements aussi spécifiques, les régulateurs porteront leur attention sur les prochains rendez-vous des chefs d'État et chefs financiers des pays du G20 à Toronto, fin juin, et à Séoul en novembre.

Entre-temps, les régulateurs anticipent des pressions grandissantes de la part des intervenants d'affaires des milieux boursier et financier.

«Comme régulateurs, nous faisons tous les jours face à des groupes d'intérêt qui sont extrêmement bien financés et organisés «, a indiqué Hans Hoogervorst, président de la commission de valeurs mobilières des Pays-Bas et un haut dirigeant du Comité international des normes comptables.

D'ailleurs, invité au congrès des commissions de valeurs mobilières hier matin, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a voulu rassurer les banques à propos du prochain accord international dit «Bale II», en révision majeure après la récente crise financière.

Les banques craignent que les nouvelles normes de capitalisation trop exigeantes nuisent à leur capacité de prêter, ce qui freinerait la reprise économique.

«J'assure les banques canadiennes que la transition après Bâle III sera éclairée et sage. Personne ne veut sacrifier la reprise économique pour mettre en oeuvre des réformes trop rapidement», a indiqué Mark Carney en point de presse après son discours.

N'empêche, le gouverneur de la Banque du Canada a admis que le nouvel accord Bâle III forcerait les banques à «changer certaines stratégies d'affaires».

Selon M. Carney, elles devront faire «moins de trading», c'est-à-dire d'activités de transactions de valeurs mobilières pour leur propre actif.

En contrepartie, a-t-il indiqué, les banques devront accentuer leurs activités de base de «prêts aux individus et aux entreprises».