L'Europe et la catastrophe BP. Voilà les mots clés qui confondent les analystes sur l'évolution des prix du pétrole à court et à moyen terme.

Il y a peu de temps, les observateurs étaient plutôt optimistes sur l'évolution des prix de l'or noir, avec la reprise économique mondiale. Or, les problèmes de la Grèce, ses impacts sur l'Europe et les difficultés budgétaires du Vieux Continent ont changé le portrait.

«Avec ce qui se passe en Europe, la croissance de la demande de pétrole sera au ralenti au cours des prochaines années. Qui dit gros déficits dit impôts et donc moins d'argent dans les poches des consommateurs. Ce phénomène freinera la croissance économique et la demande pour le pétrole», dit l'analyste principal Vincent Paquet, de la firme Intact, gestion de placements.

Selon M. Paquet, le prix du baril de pétrole oscillera entre 70 et 85$ au cours de la prochaine année. Hier le baril a clôturé à 74,38$, en hausse de 3,3%. «Dans ce contexte, il y a peu de titres boursiers intéressants dans ce secteur», dit-il.

Le désastre environnemental dans le golfe du Mexique, de son côté, a un effet sur l'offre de pétrole. Non pas que le pétrole perdu au fonds de la mer y changera grand-chose, puisque la perte, bien qu'importante du point de vue environnemental, est insignifiante sous l'angle de la production mondiale.

En effet, la perte de BP a été estimée à de 6000 à 12 000 barils de pétrole par jour, par rapport à une production mondiale d'environ 86 millions de barils par jour.

Par contre, la catastrophe pourrait ralentir les forages de puits de pétrole en eaux profondes. Déjà, Barack Obama a imposé un moratoire de six mois et la Norvège a également annoncé un moratoire dans l'attente des enquêtes sur la catastrophe.

«Si la réglementation devient plus sévère pour les puits en eaux profondes, les processus de forage seront plus longs et plus coûteux. Cela aurait pour effet d'équilibrer l'offre et la demande de pétrole plus tôt que prévu», dit Denis Durand, associé principal de Jarislowski Fraser.

Dans ce contexte, Denis Durand se dit persuadé que le prix du pétrole aura augmenté de 50% d'ici trois ans, à plus de 100$ le baril. Les investisseurs intéressés peuvent acheter du pétrole sur le marché à terme ou risquer plus gros en misant sur l'indice IOU, qui incorpore un effet de levier de 50%.