La hausse du taux directeur de la Banque du Canada portera ombrage au secteur de la consommation qui a le vent en poupe depuis 12 mois à la Bourse.

En effet, le secteur de la consommation discrétionnaire a grimpé de 27% depuis un an, pratiquement le double du rendement de l'indice S&P/TSX composé de la Bourse canadienne qui a avancé de 15%.

Dans l'univers de la consommation, certains titres ont obtenu des performances particulièrement éclatantes, comme celui de Linamar (+43%) et de Magna (+39%) du côté de l'industrie automobile, ou comme celui de Quebecor inc. (+32%).

Plusieurs autres sociétés s'en tirent haut la main, comme le fabricant Vêtements de sports Gildan (+26%), ainsi que les détaillants Sears Canada (+20%) et le Groupe Forzani (+20%).

Mais lorsque le crédit coûte plus cher, les consommateurs ont moins d'argent dans leur portefeuille. Les commerçants ne peuvent donc pas réjouir du premier tour de vis de la Banque du Canada. Mardi, elle a relevé d'un quart de point son taux cible, pour le fixer à 0,5%. D'ici 12 mois, elle pourrait l'amener au-dessus de 2%, si l'on se fie aux économistes.

«Dans un contexte où la politique (monétaire) change au Canada, est-ce que le secteur de la consommation discrétionnaire peut continuer à carburer de la même façon qu'il l'a fait dans la dernière année? Non! Mais est-ce que ça va baisser? Non plus», répond Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale.

C'est la même chose pour le secteur des services publics, qui a livré un rendement de 20% depuis 12 mois. Le secteur devient plus vulnérable dans un contexte de hausse des taux d'intérêt.

Impact limité sur la Bourse

«Ce sont les deux secteurs qui sautent aux yeux», indique le stratège. Toutefois, il estime que le resserrement de la politique monétaire aura un impact très limité sur l'ensemble de la Bourse canadienne, car la consommation discrétionnaire et les services publics ont un poids combiné de seulement 6% de l'indice S&P/TSX composé.

«Le reste de la Bourse canadienne dépend beaucoup plus de ce qui se passe à l'étranger. La structure du TSX n'est pas représentative de la structure de l'économie canadienne», explique M. Marion.

La Bourse canadienne est dominée par les ressources naturelles (46% de l'indice) et les sociétés financières (31%). Elle réagit beaucoup plus à l'évolution de l'économie mondiale qui dicte le prix des matières premières, et à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Or, la Fed n'a pas encore relevé son taux. Et ce n'est pas demain la veille, à voir le marché obligataire aux États-Unis qui ne s'est pas encore vraiment positionné pour une hausse des taux d'intérêt.