Les Bourses ont vécu une journée en contre-plongée hier au pays d'Hollywood. À Toronto, amateur de cinéma à ses heures, le scénario n'a pas été différent.

Le Dow Jones était en retrait de 3% quelques minutes après l'ouverture, mais, comme dans tout bon film américain, la fin a été plus heureuse. L'indice s'en tire avec une perte d'à peine 0,2%, à 10 043 points. Le S&P 500, à 1074 points, et le S&P/TSX, à 11 518 points, n'ont pour ainsi dire pas bougé.

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Le film présenté hier dans les principales places boursières mettait en vedette l'Europe et l'euro dans les rôles principaux.

«Le marché est collé à l'euro», note Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. La devise européenne s'est d'ailleurs approchée de son creux de quatre ans, mais a finalement retrouvé son niveau de la veille.

Crise en Europe

Les craintes que le drame grec n'engendre des suites dans d'autres pays du Vieux Continent persistent. Et l'intervention de l'État espagnol pour sauver une banque continue d'inquiéter les Bourses européennes, qui ont reculé de 2 ou 3%, voire 5% à Moscou.

Aux États-Unis, les marchés s'en ressentent aussi. «Les investisseurs semblent agir comme si les problèmes de la zone euro allaient affecter lourdement la reprise de l'économie mondiale, ce qui pourrait conduire à une rechute de l'économie américaine», a relevé Frederic Dickson, du cabinet-conseil américain DA Davidson. On a clairement vu hier matin l'effet de contagion de la crise grecque dans la psychologie des investisseurs sur les marchés nord-américains.

«Mais à un moment donné, la psychologie s'estompe un peu, note Marc Dalpé, gestionnaire de portefeuille au Groupe Dalpé-Milette chez Valeurs mobilières Desjardins. Certains commencent à faire des calculs et s'aperçoivent que ce n'est pas si pire qu'on pensait, que l'impact des problèmes en Europe sur l'économie américaine n'est pas si grand que ça.»

C'est aussi pourquoi Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser, gardait son calme hier matin. Il était convaincu qu'on ne se dirigeait pas vers le désastre, que si les entreprises faisaient de l'argent, il n'y avait pas de problème. Et il attendait les chasseurs d'aubaines. Ce sont eux qui se sont manifestés en deuxième moitié de séance hier, soutient-il.

«Quand on regarde le premier trimestre, 75% des entreprises qui ont fait des profits ont battu les attentes des analystes», note-t-il. Et quand les taux des obligations grecques augmentent, ça améliore d'un autre côté le coût de crédit des entreprises commerciales.

Suspense en Asie

En Asie, c'est le suspense qui était à l'affiche hier. Sur fond de haute tension entre les deux Corées, les Bourses ont reculé de 3% à Tokyo, 3,5% à Hong-Kong et près de 2% à Shanghai. Au New York Mercantile Exchange, certains analystes évoquent l'épouvante alors que le baril de pétrole light sweet crude a reculé de 1,46$US, à 68,75$US.

«La peur s'est emparée des négociants du marché, a observé Mike Fitzpatrick, de MF Global. Il n'y a pas d'autre moyen d'expliquer le retournement total du consensus, qui jugeait inévitable il y a quelques semaines un baril à 90$US.»