Nous sommes revenus au 1er janvier! Les reculs répétés de la Bourse torontoise ces derniers jours ont effacé tous ses gains de 2010. Les investisseurs qui veulent se consoler peuvent toujours regarder du côté de l'Europe, où abondent les pertes de plus de 10%.

L'économiste Carlos Leitao, de la Banque Laurentienne, n'a pas la réputation d'être le plus optimiste quand vient le temps de prédire les marchés boursiers. Pourtant, cette fois-ci, il trouve que les boursicoteurs, petits et grands, se font trop de mauvais sang avec cette menace venue d'Europe. «Il me semble que les marchés exagèrent un peu, comme c'est habituellement le cas», dit-il.

Cette «exagération» a été ressentie encore hier. En Amérique, dans un marché encore fort nerveux, Toronto a glissé pour la cinquième journée de suite, à 11 666 points, en baisse de 0,84%. À New York, le Dow Jones a glissé de 0,6%, à 10 444 points.

L'effet a été plus fort en Europe, où les grandes places boursières ont dévissé de plus de 2% encore hier, la seule exception étant Zurich.

Ces baisses ramènent l'indice torontois sous le niveau du début de janvier. Un score qu'il avait atteint au début du mois, avant de remonter rapidement. Le Dow, pour sa part, peut se targuer d'avoir enregistré un gain de 0,16% en 2010.

Les Bourses européennes sont quant à elles très clairement dans le rouge. Madrid est en recul de 21,5% depuis le début de l'année, comparativement à 10,8% à Paris et à 4,7% à Londres.

Encore hier, c'est l'Europe qui a amené son lot de stress aux investisseurs. La décision allemande de bannir certains types de ventes à découvert, particulièrement risquées, y est pour quelque chose. Une rumeur a aussi fait état de l'expulsion de la Grèce de la zone euro.

«Les gens craignent une baisse de la demande mondiale, a expliqué à Bloomberg Lawrence Creatura, de la firme américaine Federated Investors. On forme tous un seul monde maintenant et certains ont peur que les difficultés économiques là-bas (en Europe) ne nous affectent de ce côté de l'Atlantique.»

Dans ces conditions, encore une fois, les bonnes nouvelles ont été ignorées par les marchés. La première en titre est venue de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, qui a haussé sa prévision de croissance pour l'année. La Fed table maintenant sur une progression de 3,2% à 3,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2010, comparativement à de 2,8% à 3,5% auparavant.

Le taux de chômage devrait toutefois rester élevé et ne pas retomber sous les 7,5% d'ici la fin de 2012.

L'économiste Carlos Leitao s'attend par contre à ce que les données économiques de l'automne en déçoivent plus d'un. S'il prévoit que les marchés boursiers, tant au Canada qu'aux États-Unis, rebondiront quand la situation européenne aura été digérée, il redevient pessimiste pour la suite des choses. Il voit le S&P/TSX revenir aussi bas que les 11 000 points à la fin de cette année. «La reprise économique se déroule à peu près comme prévu, c'est même un peu plus fort qu'attendu. Mais en août et septembre, ça va commencer à ralentir un petit peu.»

À Toronto hier, ce sont les matériaux de base qui ont le plus écopé. Le sous-indice a perdu 3,2%. Cela, même si le prix du pétrole a fini en hausse à New York, à 69,87$US, dans une séance très volatile.

L'or, par contre, a connu son pire recul en un mois et a perdu 21,50$US, à 1193,10$US l'once. Le titre du deuxième producteur d'or canadien, Goldcorp, a aussi écopé, perdant 4,3%, à 44,11$. Dans le même sous-indice, Tembec a dévissé de près de 6%.

Le dollar canadien a reculé de deux tiers de cents, à 95,77 cents US.

Les sous-indices de la santé et les sociétés financières sont les seuls à avoir réussi à finir la séance la tête au-dessus de l'eau, gagnant 0,5% et 0,1% respectivement. La Banque CIBC a particulièrement bien fait, gagnant 2,7%. De son côté, la Financière Manuvie a atteint un creux de 52 semaines, à 17,56$ à la clôture.