L'agence de notation Standard & Poors (S&P) a changé une lettre ou deux au bout du nom de deux pays et, en une heure, les investisseurs ont perdu des milliards de dollars, partis en fumée sur les places boursières de la planète.

S&P a ravivé les craintes de contagion de la crise grecque en Europe en abaissant non pas d'un mais de deux crans son évaluation de la dette du Portugal. Sa note passe de A+ à A-, avec perspective négative.

 

Pire, la Grèce, dont les déboires budgétaires inquiètent les marchés depuis quelques semaines déjà, a vu la sienne classée dans la catégorie des investissements spéculatifs. Elle chute de trois crans, à BB+.

Sur les marchés, la réaction a été immédiate. Et prononcée, surtout en Europe. Les pertes dépassent 6% à Athènes et 5% à Lisbonne, mais ne se limitent pas aux deux capitales au coeur de la tourmente. Ainsi, Madrid a reculé de 4,2%, Londres de 2,6% et Paris, de 3,8%, sa pire séance en 2010.

À New York, la journée avait commencé mollo à la Bourse, les cambistes surveillant le témoignage des banquiers de Goldman Sachs devant un comité du Sénat américain. Quand la bombe de S&P est tombée, ils se sont remis au boulot. Et ont vendu massivement.

Le Dow Jones a chuté de 175 points (1,6%) entre 10h30 et l'heure du midi. «Le marché craint maintenant que la Grèce ou le Portugal ne faillissent, souligne Burt White, chef des placements chez LPL Financial de Boston, à Bloomberg. Si ça se produisait, on pourrait avoir d'autres vents de face.»

Le Dow a finalement perdu 213 points, ou 1,9%, comparativement à une baisse de 2,3% pour le S&P 500.

Toronto a mieux résisté. «Le système bancaire canadien se fait moins malmener. On n'a beaucoup moins d'argent d'investi dans ces pays-là», explique Luc Girard, de Valeurs mobilières Desjardins.

N'empêche, en fin de journée, l'indice principal de la Bourse canadienne perdait 134 points (1,1%). «Les gens se cachent et s'en vont vers des secteurs qui sont habituellement moins frappés quand il se passe quelque chose au niveau de l'économie», souligne encore M. Girard.

À preuve, en fin de journée, seul le sous-indice de la santé a réussi à finir la séance dans le vert. Et dans les matériaux de base, les producteurs d'or ont aussi bien fait.

Pour d'autres métaux, comme pour le dollar canadien, la journée a été particulièrement difficile. «Il y a du sang dans les rues, comme on dit», pouvait-on lire sous la plume des analystes de RBC Marché des capitaux, qui couvrent le secteur des métaux à Londres.

L'aluminium était particulièrement rouge en fin de séance, perdant 7,2%. Le nickel a reculé de 4,5% et le cuivre, de 4,1%.

Le dollar canadien a connu sa pire journée en près de six mois. Il a fini la séance en baisse de 1,59 cent par rapport à la devise américaine, à 98,27 cents US.

Preuve que tout ça inquiète les investisseurs, l'indice VIX, qui mesure la volatilité des marchés, a bondi de 5,34 points, à 22,81.

Des emprunts à prix d'or

La double décote de l'agence de notation a eu un effet sur le coût des emprunts de la Grèce et du Portugal. Les taux grecs à 10 ans ont atteint 9,7% comparativement à 5,5% pour le Portugal. L'Irlande, un autre pays dont la dette inquiète les marchés, doit offrir 5% pour ses emprunts. À titre comparatif, ceux de l'Allemagne, la locomotive européenne, sont de moins de 3%.

Au Portugal, hier, de nombreux employés de l'État sont sortis dans les rues pour manifester contre les mesures d'austérité. C'était avant que le coût des emprunts ne limite encore davantage la marge de manoeuvre de Lisbonne.

 

LE DOW JONES HIER

Ouverture - 11 203,67 pts

Sommet - 11 218,86 pts

Fermeture - 10 991,99 pts

En baisse de 213,04 pts

Variation -1,90%

Creux - 10 973,17 pts