Après avoir connu sa plus importante reprise des sept dernières décennies, la Bourse américaine peut-elle grimper encore? Au moment où les entreprises commencent à dévoiler leurs premiers résultats de l'année, les analystes sont divisés sur la question. Et les yeux sont maintenant braqués sur les sociétés, qui devront montrer qu'elles peuvent générer des profits en augmentant leurs revenus... plutôt qu'en sabrant leurs coûts.

Après s'être extirpées de la crise en sabrant leurs coûts et en multipliant les mises à pied, les entreprises font-elles maintenant des profits en vendant davantage plutôt qu'en faisant des coupes? C'est la grande question qui préoccupe les experts alors que les sociétés commencent à dévoiler leurs premiers résultats de l'année 2010.

L'aluminerie Alcoa a lancé le bal de la nouvelle saison des résultats, hier, en dévoilant ses chiffres pour le premier trimestre 2010. Et avec des noms comme Intel, Google, JP Morgan. GE et Bank of America qui feront de même cette semaine, l'occasion est belle de prendre le pouls de l'économie américaine.

À quoi faut-il s'attendre? Ce qui semble clair, c'est que les chiffres seront meilleurs que l'an dernier. En moyenne, les analystes s'attendent à des profits de 37% supérieurs à ceux du premier trimestre 2009.

Mais pour Stéfane Marion, économiste en chef à la Banque Nationale, ce n'est pas tant l'ampleur des profits qui sera intéressante à regarder, mais bien leur provenance.

«Jusqu'à présent, la croissance des bénéfices provenait surtout des coupes de coûts. Là, on s'attend à avoir de meilleurs chiffres au niveau des revenus et des ventes. C'est vraiment ça qui va attirer l'attention des investisseurs ce trimestre-ci», explique M. Marion.

«La première étape, c'est de réduire les coûts. La deuxième étape, c'est la croissance des revenus. C'est vers là qu'on se dirige», croit aussi Hugo Ste-Marie, stratège adjoint chez Capitaux Scotia.

Mais ne vous attendez pas à ce qu'une éventuelle flopée de bons résultats propulse la Bourse à des niveaux stratosphériques. Les investisseurs, qui viennent de connaître la plus grande hausse boursière des sept dernières décennies, sont maintenant habitués aux bonnes nouvelles.

«Les attentes sont élevées, avertit Mathieu d'Anjou, économiste au Mouvement Desjardins. La Bourse a déjà monté beaucoup au cours des dernières semaines. Mais il reste que voir des profits qui s'améliorent, ce sont de bonnes nouvelles.»

Stéfane Marion fait partie de ceux qui croient que les bénéfices des sociétés battront encore les prévisions des analystes. L'économiste se base entre autres sur le fait que certaines entreprises envoient des signaux sur leurs résultats avant leur dévoilement officiel, souvent pour préparer le marché aux mauvaises nouvelles à venir.

M. Marion s'est amusé à calculer la proportion d'annonces négatives par rapport aux annonces positives. Verdict: le ratio a atteint 1,2 au cours du dernier trimestre, contre 2,1 en temps normal.

Ce n'est cependant pas tout le monde qui se montre si optimiste. «Il y a beaucoup de place à la déception, a dit à l'agence Bloomberg Charles Stamey, administrateur général pour la firme Manning&Napier Advisors Inc. Quand vous êtes au milieu d'une reprise, la grande question est de savoir combien de temps ça peut se maintenir. À notre avis, l'argent facile a déjà été fait.»

Bloomberg a d'ailleurs révélé hier que les options visant à s'assurer contre d'éventuelles baisses de l'indice S&P 500 atteignent maintenant leur niveau le plus élevé depuis juin 2008, signe que les investisseurs sont nerveux.

Marc Dalpé, gestionnaire de portefeuille chez Dalpé-Milette, Valeurs mobilières Desjardins note quant à lui un changement dans les intérêts des investisseurs.

«L'accent du marché à pareille date l'an dernier, c'était de voir si le secteur financier se stabilisait. Là, l'accent est plus sur le secteur manufacturier, à savoir s'il y a une certaine progression dans les revenus», note-t-il.

 

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