Bonne nouvelle pour les disciples moins fortunés de Warren Buffett: ils peuvent maintenant investir dans le conglomérat de l'Oracle d'Omaha sans se ruiner ou déséquilibrer leur portefeuille à cause du prix élevé de l'action.

Il y a deux semaines, le titre B de Berkshire Hathaway a été fractionné à 50 contre 1 (une action équivaut désormais à 50 actions). Évidemment, le prix de l'action a été ajusté en conséquence. Résultat: l'action B est devenue accessible à toutes les bourses. Hier, l'action B a clôturé la séance à 74,36$ US, alors qu'elle valait 3436,80$ US avant d'être fractionnée. L'action A de Berkshire Hathaway s'échange actuellement à 111 700$ US.

> Notre journaliste sur Twitter : https://www.twitter.com/vincentbp

Pour les petits actionnaires

Warren Buffett n'a jamais aimé fractionner le titre de Berkshire Hathaway. Il ne l'a fait qu'à deux reprises depuis qu'il a acheté Berkshire - société de textile qu'il a transformée en société d'investissement - en 1965. Cette fois-ci, l'action B a été fractionnée en raison de l'acquisition de l'entreprise de chemin de fer Burlington Northern Santa Fe. «Warren Buffett a été démocratique envers les quelques petits actionnaires de Burlington qui voulaient être payés en actions de Berkshire Hathaway et non en argent», dit François Rochon, président de Giverny Capital, firme d'investissement dont la philosophie est basée sur celle de l'Oracle d'Omaha.

Berkshire Hathaway est un conglomérat financier détenant à la fois des entreprises privées (notamment GEICO, Fruit of the Loom, NetJets, Benjamin Moore) et des participations dans des entreprises inscrites en Bourse (notamment Coca-Cola, Wells Fargo, American Express, Wal-Mart, Johnson&Johnson, Procter&Gamble, Goldman Sachs). «Berkshire, c'est d'abord des compagnies d'assurances qui prennent l'argent des primes pour acheter des entreprises privées et des titres boursiers», dit François Rochon.

«C'est un titre mythique et un investisseur mythique», dit Vincent Delisle, stratège boursier chez Scotia Capitaux.

En dépit de la réputation de son PDG, le titre de Berkshire Hathaway, qui vient de s'apprécier de 16,30% en janvier, soulève quelques interrogations. «C'est un titre sous-évalué à long terme, mais l'entreprise est devenue tellement grosse que c'est difficile de faire travailler son capital pour donner des rendements annuels de 15%», dit François Rochon.

Succession

Il y a aussi la question de l'Oracle lui-même, qui porte bien ses 79 ans, mais qui ne rajeunit pas. Plusieurs actionnaires de Berkshire Hathaway redoutent le jour de sa retraite - ou pire, celui de sa mort. François Rochon et Vincent Delisle ne s'inquiètent pas trop de ces hypothèses. «C'est sûr que l'action reculerait à court terme, mais il est possible que ça arrive seulement dans 10 ans. Berkshire Hathaway a un bon plan de succession», dit François Rochon. «Il y aura de l'incertitude, mais c'est de la pure spéculation, dit Vincent Delisle. De toute façon, je doute que Berkshire Hathaway soit un one man show.»

Plusieurs investisseurs deviendront actionnaires de Berkshire Hathaway sans acheter d'actions directement. À la suite de la transaction avec Burlington Northern Santa Fe, Standard & Poor's a annoncé que le titre de Berkshire Hathaway prendra bientôt la place de celui de Burlington Northern Santa Fe sur son indice S&P 500. Les détenteurs de fonds indiciels basés sur le S&P 500 deviendront ainsi exposés à Berkshire Hathaway. Warren Buffett estime que l'inscription au S&P 500 augmentera de 6% la demande pour les actions de Berkshire Hathaway. «À long terme, c'est un plus pour les actionnaires de Berkshire Hathaway», dit-il.