La Bourse de New York a achevé en nette baisse une séance écourtée vendredi, les investisseurs s'inquiétant, sans toutefois céder à la panique, des conséquences des difficultés financières de l'émirat de Dubaï.

Selon les chiffres définitifs de clôture, le Dow Jones Industrial Average, qui avait fini la veille au plus haut depuis octobre 2008, a abandonné 1,48% ou 154,48 points à 10 309,92 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,73% ou 37,61 points à 2138,44 points.

L'indice élargi Standard & Poor's 500 a cédé lui 1,72% ou 19,14 points à 1091,49 points.

«Il n'est question que de Dubaï», a commenté Hugh Johnson, de Johnson Illington Advisors. «Cela crée de l'incertitude, et l'incertitude mène à la peur».

À la Bourse de Toronto, qui ferme comme à l'habitude à 16h00, l'indice S&P TSX gagnait 0,39% ou 45,17 points à 11 481,97 points. Le TSX avait perdu 200 points hier pendant que les Bourses américaines étaient en congé.

  Fermée jeudi en raison de Thanksgiving, Wall Street réagissait vendredi pour la première fois à la situation de Dubaï, qui avait fait vaciller ses homologues européennes et asiatiques la veille.

L'émirat a demandé mercredi un moratoire de six mois sur le remboursement des 59 milliards de dollars de dettes d'une de ses entreprises publiques-clés, Dubai World.

«C'est une petite crise financière, mais l'histoire nous dit que les petites crises financières peuvent devenir de grandes crises», a prévenu Hugh Johnson.

En baisse de plus de 2% dans les premiers échanges, le Dow Jones a réduit ses pertes au fil de la séance. Les 30 valeurs le composant ont cependant fini dans le rouge.

«Il n'y a pas de ventes panique», a observé Peter Cardillo, d'Avalon Partners. «La perception (du marché) est que ce n'est pas une nouvelle crise (qui commence), mais une conséquence de la "vieille" crise», a-t-il ajouté, estimant que «le vrai test» serait lundi.

La place new-yorkaise n'était ouverte vendredi que pour une demie-séance, et le volume d'échanges est resté extrêmement faible, de nombreux opérateurs étant en congé.

«L'annonce (de Dubai World) a suscité des inquiétudes sur (sa) situation financière et éventuellement sur les autres marchés émergents, ce qui provoque aussi des craintes sur l'impact qu'elle pourrait avoir sur certains pays développés exposés à la dette de la région», ont noté de leur côté les analystes de Charles Schwab.

Le secteur bancaire a été l'un des plus sanctionnés, l'indice S&P les représentant perdant 2,57. Citigroup a lâché 2,64% à 4,06 dollars. Selon des chiffres de l'Emirates Bank Association cités par la chaîne CNBC, elle est la banque américaine la plus exposée aux Emirats Arabes Unis, à hauteur de 1,92 milliard de dollars.

Bank of America a cédé 3,01%, JPMorgan Chase 1,97%, Goldman Sachs 1,82%.

Les valeurs énergétiques ont suivi les cours de l'or noir, qui ont chuté de plus de 2% à New York, et ont touché leur plus bas niveau en deux mois. Le pétrolier ExxonMobil a lâché 2,09% et son concurrent Chevron 1,52%.

L'attention s'est également portée sur le secteur de la distribution en raison du «Black friday», lancement de la saison des achats de Noël.

S'il était difficile de mesurer la tendance dès vendredi, elle est attendue avec nervosité alors que la consommation des ménages américains reste affaiblie.

L'action des grands magasins Macy's a lâché 3,36%, la chaîne spécialisée dans l'électronique Best Buy 0,99%, et le site marchand Amazon.com 1,71%.

Le marché obligataire, refuge de l'investisseur inquiet, est monté. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 3,211% contre 3,279% mercredi soir et celui du bon à 30 ans à 4,209% contre 4,257% la veille.