Le TSX a enlevé ses lunettes roses. Résultat: les marchés boursiers canadiens porteront dorénavant attention aux mauvaises nouvelles.

Après quatre hausses quotidiennes consécutives, l'indice de la Bourse de Toronto a perdu 0,45% de sa valeur hier. Le TSX a clôturé à 11 600 points, perdant 52 points. Une baisse «non significative» selon le gestionnaire de portefeuille Marc Dalpé. Sauf qu'elle pourrait bien annoncer une nouvelle tendance - celle des mauvaises nouvelles - sur les marchés boursiers canadiens, en hausse de 53% depuis leur creux de mars dernier.

Après avoir passé tout l'été et une partie de l'automne à s'abreuver de bonnes nouvelles, le TSX sera maintenant plus attentif aux mauvaises, selon Marc Dalpé. «Les mauvaises nouvelles vont avoir plus d'impact au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois, dit le gestionnaire de portefeuille du Groupe Dalpé-Milette chez Valeurs mobilières Desjardins. C'est un peu normal. Quand tu as eu ton quota de bonnes nouvelles, tu portes plus attention aux mauvaises.»

Hier, les mauvaises nouvelles sont venues de l'assureur Manuvie. Mercredi après la fermeture des marchés boursiers, l'institution financière a annoncé son intention d'émettre pour 2,5 milliards de dollars de nouveaux titres. La décision, nécessaire pour renflouer les finances de l'entreprise, ne fait pas l'affaire de ses actionnaires existants car elle dilue la valeur de leurs investissements. «Je suis très déçu car j'étais sous l'impression que l'entreprise aurait eu tout le capital nécessaire en réduisant son dividende», a dit au Globe and Mail le gestionnaire de portefeuille montréalais Stephen Jarislowsky, dont la firme Jarislowsky Fraser est l'un des actionnaires les plus importants de Manuvie.

Au lendemain de l'annonce controversée, le titre de Manuvie y a goûté, perdant 6,10% pour terminer la séance à 18,95$. Le sous-indice des financières a connu la pire séance à Toronto, concédant 1,10%. Le sous-indice de l'énergie (-0,94%) a été affaibli par la baisse de 2,12% du baril de pétrole à New York. Seuls deux secteurs du TSX ont terminé la séance en hausse, les ressources naturelles ("1,25%) et les télécommunications ("0,43%).

Mince consolation: la décision de Manuvie aidera la Bourse de Toronto à améliorer son record d'émissions actions. Au 31 octobre dernier, le TSX avait déjà émis des nouveaux titres d'une valeur de 49,7 milliards depuis le début de l'année. Le record précédent de 47,6 milliards avait été établi en 2007, avant la crise financière et la récession.

Ce nouveau record, annoncé hier, est passé inaperçu sur le parquet de la Bourse de Toronto. Normal: les bonnes nouvelles n'ont plus la cote. Malgré tout, Marc Dalpé refuse de paniquer. Il voit même l'indice TSX en hausse de 10% au cours de la prochaine année. «Il est encore trop tôt pour déceler de nouvelles tendances car nous sommes en transition, dit le gestionnaire de portefeuille. Si le marché baissait de 0,5% chaque jour pendant deux semaines, ce serait bien sûr autre chose. Mais le marché a gagné 50% depuis le mois de mars, et encore 5% depuis le début du mois d'octobre.»

En plus, les marchés boursiers canadiens ont fait mieux que ceux au sud de la frontière. Hier, le S&P 500 a perdu 1,34%, le NASDAQ 1,66% et le Dow Jones 0,90%, notamment en raison de la publication de données inquiétantes sur le marché immobilier américain. Selon l'Association des banquiers hypothécaires, la proportion des Américains avec un prêt immobilier à taux fixe qui ont dû céder leur maison à la banque est passée de 21% à 33% depuis un an. «Il s'agissait de la première hausse des reprises hypothécaires (foreclosures) depuis quelque temps», dit Marc Dalpé.