Beaucoup a été dit à propos du potentiel haussier de l'or, dont le prix, propulsé par des craintes d'inflation, a atteint de nouveaux sommets au cours des dernières semaines, mais des conseillers avertissent les investisseurs de ne pas négliger le cousin de ce métal précieux jaune, l'argent.

Certains de ces conseillers arguent même que l'argent procurera des rendements plus intéressants à long terme en raison de son «statut» de métal précieux et de produit de base industriel.

«La confiance s'améliore à l'égard du secteur des produits de base industriels, et les produits de base industriels gagnent en attrait, et cela signifie que l'argent gagne en attrait comparativement à l'or», a affirmé le vice-président de Peregrine Financial Group, Bob Tebbutt.

Pour sa part, John Stephenson, gestionnaire de portefeuilles de la firme First Asset Funds, a fait valoir que les produits industriels, comme les produits électroniques et chimiques, les piles et les instruments médicaux, représentent environ la moitié de la demande totale pour l'argent. Et selon lui, la demande pour ce genre de produits ne peut aller qu'en augmentant.

De plus, l'approvisionnement en argent, de même que celui pour la plupart des métaux industriels, a été restreint, puisque le nombre de nouvelles mines en opération est moindre et que des mines existantes ont dû fermer à cause du ralentissement de l'économie.

À tout cela s'ajoute le fait que l'argent, à l'instar de l'or, a tendance à profiter des craintes d'inflation, lesquelles sont actuellement monnaie courante en raison des dépenses engagées par les gouvernements pour stimuler l'économie.

Cette situation de demande à la hausse et d'offre à la baisse explique pourquoi le rapport or/argent, ou le nombre d'onces d'argent équivalant à la valeur d'une once d'or, a rétréci au cours des derniers mois.

En octobre 2008, alors que les investisseurs se ruaient vers l'or, considéré comme une valeur refuge, ce ratio avait grimpé jusqu'à 84 pour 1 un. Il est cependant passé à moins de 64 pour un, et ce, malgré la récente flambée de la valeur de l'or, qui a atteint un record à plus de 1100 $ US l'once.

L'argent se vend actuellement  pour quelque 17,50 $ US l'once, alors que son sommet se situe à environ 50 $ US l'once.

«L'or a atteint de nouveaux sommets, alors que l'argent n'en a pas atteint, alors il y a probablement beaucoup de potentiel à la hausse pour l'argent», a expliqué le chef de la direction de la firme torontoise Maison Placements, John Ing.

Ce dernier dit avoir un prix cible de 22 $ US l'once à court terme, alors que John Stephenson estime qu'une once d'or se négociant à 25 $ US est une situation possible, plus particulièrement si le prix de l'or poursuit sur sa lancée historique.

«Presque sans exception, si l'or est en hausse, l'argent devrait aussi l'être», a affirmé le gestionnaire de portefeuilles.

M. Stephenson a ajouté que l'argent représentait une occasion pour les investisseurs.

Selon John Ing, les lingots d'argent peuvent s'avérer être un investissement très attrayant, mais l'acquisition de titres de sociétés produisant de l'argent est plus avantageuse.

De son côté, M. Stephenson recommande également l'achat d'actions, mais il a admis que le nombre d'entreprises ne produisant que de l'argent - ou principalement de l'argent - était peu élevé.

Parmi les firmes canadiennes dont l'argent représente plus de la moitié de la production figurent Coeur d'Alene Mines, Pan American Silver et Silvercorp Metals.

Silver Wheaton ne possède, quant à elle, pas de mines, mais cette firme investit dans la production d'argent d'autres entreprises, ce qui, selon M. Stephenson, signifie qu'elle ne subit aucun des risques opérationnels auxquels font face les sociétés minières.

Bob Tebbutt conseille, pour sa part, d'acheter des contrats à terme d'argent, c'est-à-dire des contrats permettant à un acheteur d'acquérir de l'argent à une date ultérieure et à un prix déterminé.