Depuis quelques semaines, les actions échangées dans différentes Bourses se sont dépréciées à la cadence la plus vive depuis le pire de la crise du crédit, les investisseurs craignant que les banques centrales ne commencent à hausser les taux d'intérêt. Mais au cours des trois dernières décennies, une situation de ce genre a constitué un signal qui a déclenché les reprises boursières les plus vigoureuses.

Ainsi, depuis le 19 octobre dernier, les indices boursiers de référence, de New York jusqu'à Tokyo en passant par Francfort, ont perdu une moyenne de 3,3% dans un contexte de conjectures voulant que les décideurs politiques restreignent les mesures de relance économique avant que l'économie mondiale ne reprenne du poil de la bête.

Toutefois, l'histoire montre que les actions ont grimpé 92% du temps au cours des six mois avant que les coûts d'emprunt des gouvernements subissent leurs plus grosses hausses, selon des données compilées par Bloomberg.

Federated Investors Inc., Renaissance Financial Corp. et Citigroup Group soutiennent que les investisseurs pourraient rater des gains supplémentaires après que les dépenses de 12 000 milliards US consenties par les gouvernements dans le monde eurent gonflé l'indice mondial MSCI de 65% depuis mars dernier.

Les actions s'apprécient avant que les banques centrales majorent les taux d'intérêt, parce que les marchés anticipent un essor économique en premier lieu, soutient Linda Duessel, stratège de Federated Investors, de Pittsburgh.

«Vous devriez acheter des actions maintenant», conseille Mme Duessel aux investisseurs. «Une idée veut que les décideurs soient en train d'enlever le 'bol de friandises' en indiquant qu'ils vont majorer les taux d'intérêt, ajoute Mme Duessel, qui contribue à la gestion d'actifs de 400 milliardsUS. Mais on peut encore profiter d'un bon redressement après ça.»

L'indice Standard&Poor's 500 a grimpé d'une moyenne de 8,4% au cours des six mois précédant les cinq dernières hausses du taux cible de la Réserve fédérale américaine (Fed) portant sur les prêts d'un jour entre les banques et il s'est apprécié de 82% supplémentaires au cours des marchés haussiers qui ont suivi, indiquent des données de Bloomberg.

Hier, l'indice Standard&Poor's 500 a gagné 2,2%, à 1093,08points, à la Bourse de New York après que le Groupe des 20 eut consenti à maintenir les mesures de stimuli économiques en place.

Ben S. Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine, pourrait commencer à hausser les coûts d'emprunt en juin prochain, selon les prix des contrats à terme sur les fonds de la Fed, prix compilés par Bloomberg.

Les négociateurs estiment à 51% les chances d'une augmentation d'au moins 0,5% à la fin de la réunion du Federal Open Market Committee le 23 juin 2010, moment où l'on prévoit que l'économie américaine en sera à son quatrième trimestre d'essor de suite, d'après des estimations recueillies par Bloomberg.

«Ce qu'on veut, c'est de devancer absolument la Fed», lance Douglas Ciocca, qui contribue à la gestion d'actifs de 1,7 milliardUS chez Renaissance Financial, à Leawood, au Kansas.