Il n'y a pas que les écoliers qui ont l'estomac à l'envers avec la rentrée. Les investisseurs aussi appréhendent le mois de septembre, après un été ensoleillé à la Bourse.

Au Canada, l'indice S&P/TSX composé a gagné près de 5% en juillet et en août. Le baromètre de la Bourse de Toronto a remonté de 20% depuis le début de 2009, incluant un rebond de 43% depuis le printemps dernier.

Les actions de banques ont explosé. Le titre de la Banque Nationale, par exemple, a pratiquement doublé en 2009. Les premiers signes que la récession tire à sa fin ont aussi fait rebondir le secteur des ressources naturelles, de la technologie et de la consommation discrétionnaire.

Mais cette hausse spectaculaire a donné le vertige aux investisseurs, qui redoutent maintenant le mois de septembre, le pire mois de l'année si l'on se fie aux statistiques de la Bourse américaine depuis 1927.

Historiquement, l'indice S&P 500 a encaissé un recul mensuel moyen de 1,3% en septembre. C'est le seul mois négatif de l'année, hormis février où l'on observe une légère baisse de 0,2%.

Depuis 80 ans, le S&P 500 a fondu plus d'une année sur deux au cours du mois de septembre. Plus précisément, la probabilité de recul en septembre s'établit à 56%. Pour tous les autres mois, c'est l'inverse: la probabilité de hausse est plus forte.

Voilà de quoi faire frémir les investisseurs superstitieux. Mais les experts accordent peu d'importance à cet almanach boursier. «Il y a autant de superstitions qu'il y a de moments dans l'année», dit Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.

Selon lui, la Bourse peut encore s'apprécier de 10 ou 15%. Il juge que les actions demeurent en dessous de leur juste valeur, que les nouvelles économiques sont encourageantes, et que la Bourse profitera éventuellement du retour des investisseurs qui laissent encore dormir des sommes colossales dans les marchés monétaires.

Mais au cours des prochaines semaines, M. Delisle ne serait pas surpris que les investisseurs encaissent des profits à la Bourse. «Il faut que le marché reprenne son souffle», dit le stratège, qui suggère de racheter sur faiblesse.

Après presque six mois de remontée, depuis le creux du 9 mars dernier, il serait normal que la Bourse fasse une pause, estime aussi Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee. «Il manque de soldats pour amener le marché plus haut», dit-il.

La Bourse n'est plus une aubaine: les actions se négocient à presque 15 fois les bénéfices prévus pour les 12 prochains mois. «Cela a rarement été aussi élevé, si on exclut la période de 1998 à 2002», indique M. Roberge.

C'est pourquoi le stratège a changé son fusil d'épaule cette semaine. Il recommande aux investisseurs d'élaguer un peu la portion en actions dans leur portefeuille.

Certains stratèges positifs

Par contre, d'autres stratèges demeurent confiants. Les nouvelles économiques sont positives, souligne Pierre Lapointe, stratège à la Financière Banque Nationale. Il cite, en vrac, une série de statistiques dévoilées la semaine dernière: le marché immobilier américain a repris 1,4% le mois dernier; la confiance des consommateurs est plus forte que prévu; la production industrielle mondiale a augmenté de 2% en juin, la plus forte hausse mensuelle en 18 ans.

«On prévoit que le marché de l'emploi aux États-Unis va s'améliorer. Je ne serais pas surpris qu'il y ait bientôt de la création d'emplois. Ça va donner des ailes aux marchés», assure M. Lapointe.

À son avis, la récession est sur le point de se terminer et le début d'expansion économique sera favorable à la Bourse. En analysant les cinq dernières récessions américaines, il a d'ailleurs constaté que la Bourse canadienne a augmenté de 11% en moyenne au cours des six premiers mois d'expansion.

 

BOURSE DE NEW YORK DE 1927 À 2008

janv. fév. mars avril mai juin juil. août sept. oct. nov. déc.

Probabilité de baisse 36%/ 50%/ 40%/ 40%/ 43%/ 44%/ 44%/ 41%/ 56%/ 41%/ 42%/ 26%

Rendement moyen 1,4%/ -0,2%/ 0,4%/ 1,1%/ 0%/ 0,8%/ 1,4%/ 0,8%/ -1,3%/ 0,3%/ 0,6%/ 1,4%/