Il fallait de bons yeux pour trouver les quelques pousses vertes sur le parquet torontois hier. Des 207 titres qui composent le principal indice canadien, à peine 15 ont réussi à clore la séance avec un gain. Partout ailleurs, la perplexité des investisseurs a amené du rouge.

«On se retrouve aujourd'hui avec un indice qui est passé de 7000 et quelques points à 11 000 points. Et là, les gens se demandent: Est-ce qu'on est allés trop vite?», résume Luc Girard, directeur, Groupe conseil en portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins.

 

Cette perplexité - alimentée hier par des signes de reprise jugés décevants au Japon, la deuxième économie mondiale - a été ressentie partout sur la planète. À Toronto et New York, les Bourses ont enregistré leur pire recul en un mois.

«Là, ce qu'il faut, c'est que le «fondamental» suive et vienne solidifier nos 11 000 ou 10 500 points», explique encore M. Girard.

Sentiment similaire chez Gabriel Lancry, de Scotia McLeod, qui se demande si les données voulant que l'Europe soit sortie de la récession sont «une simple étincelle ou un feu de foyer très rassurant».

Hier en tout cas, peu d'investisseurs semblaient rassurés, même si l'activité industrielle dans l'État de New York s'est améliorée pour la première fois depuis plus d'un an.

S'ajoute au flot de bémols prudents entendus hier, ce commentaire de Sal Guateri, de la Banque de Montréal: «La reprise se fait essentiellement sur le dos des gigantesques programmes gouvernementaux de relance. La situation s'est vraiment améliorée depuis trois mois, mais nous sommes encore loin d'une reprise durable.»

En chiffres, le S&P/TSX a perdu 316,42 points (-2,9%), à 10 531,39. Du 9 mars au 5 août, le même indice a pris pas moins de 46%.

À New York, le Dow Jones a reculé de 2%, le S&P 500 de 2,4% et, pour le NASDAQ, la chute a atteint 2,8%.

À Toronto, tous les secteurs ont écopé, particulièrement ceux des matériaux, des industrielles et de l'énergie.

Un florilège de ces reculs d'hier: Potash (-4,5% à 100,71$), Barrick (-3% à 36,27$), Bombardier (-5,4% à 4,07$), Nexen (-5,3% à 22,15$), Financière Manuvie (-3,4% à 21,57$) ou encore Gildan (-4,3% à 20,72$) pour ne nommer que ceux-là.

Parmi les rares gagnants d'hier, mentionnons Cascades qui poursuit sa remontée depuis la publication de ses résultats la semaine dernière ("2,7% à 6,98$). Quincaillerie Richelieu a aussi bien fait ("1,5% à 19,75$), de même que TVA ("1,9% à 10,30$) et Molson ("2,5% à 50,51$).

Le huard, lui, a reculé de 87 centièmes, à 90,06 cents US, lui qui a perdu près d'un cent vendredi. Le pétrole pour livraison en septembre a suivi la même courbe, perdant 1,99$US à 65,52$US, à New York. «Dis-moi où le pétrole s'en va et je vais te dire où le dollar s'en va», résume M. Girard, de VMD.

Une semaine houleuse

En regardant son calendrier des prochains jours, Gabriel Lancry estime que les prochains jours seront «excessivement volatils» sur les marchés boursiers. La raison: aucune donnée économique importante ne sera publiée cette semaine, le marché aura donc de la difficulté à trouver une direction.

«La correction peut se prolonger un peu. Ce n'est pas un krach, dit-il. C'est une pause, ce qui est sain.»

Actuellement, il cherche sans en trouver «des possibilités d'achat qui sont criantes».

Chez VMD, Luc Girard note aussi que les prochains mois «seront peut-être assez rock&roll». À un investisseur avec un horizon de placement de quelques mois, il dirait de rester hors du marché boursier.

Si ce même investisseur souhaite retirer ses billes dans trois ou cinq ans, il peut investir en Bourse sans crainte, selon lui. «En 2010, tout le monde s'entend pour le dire, ce sera l'année de la reprise, qu'elle soit grosse ou petite.»