La Bourse de Toronto a accueilli avec un enthousiasme certain les prévisions de croissance de la Banque du Canada. L'optimisme de la Banque se base notamment sur des exportations canadiennes qui devraient bien faire dans les prochains mois. Mais les perspectives sont plus mitigées pour les avions d'affaires de Bombardier.

La récession se termine au Canada, selon la banque centrale. Et aux États-Unis, les résultats trimestriels d'entreprises en vue s'annoncent moins pires que prévu par les analystes.

Bref, tout ce qu'il fallait pour injecter une autre dose d'optimisme aux Bourses nord-américaines, dont les principaux indices ont fortement rebondi hier. Et pour déjouer encore les avertissements de certains stratèges face à un risque d'emballement prématuré, les signes de faiblesse de l'économie persistant aux États-Unis et en Europe.

«Malgré le rebond de 40% des principaux indices depuis le creux de mars dernier, et des signaux tangibles d'un début de reprise économique mondiale, nous demeurons réticents à adhérer à la thèse d'un nouveau cycle haussier en Bourse», résume le stratège et analyste de marché Martin Roberge, de la firme Dundee Securities, dans un bulletin distribué hier à ses clients investisseurs.

Quelques paragraphes plus loin, il avertit d'un risque croissant de mini-correction vers la fin de l'été et au début de septembre.

«Les marchés se comportent encore cette année de la façon typique des épisodes antérieurs qui ont suivi une mauvaise année boursière, c'est-à-dire qu'ils affichent de forts rebonds au deuxième trimestre et plafonnent au troisième trimestre, avant de se replier en septembre.»

En contrepartie, à la Financière Banque Nationale, le stratège boursier et économiste Pierre Lapointe estime que l'amélioration des indicateurs économiques augure d'un renversement positif des prochains résultats d'entreprises.

Du coup, cela justifie une poursuite du rebond boursier au cours des prochains mois. Jusqu'à 9% de plus d'ici un an du côté canadien, et jusqu'à 14% de plus sur la Bourse américaine, selon ses cibles.

D'ailleurs, dans l'immédiat, les investisseurs ne semblent avoir d'attention que pour ce type de scénario optimiste. D'autant plus que nombre d'entre eux trépignent d'impatience de réinvestir les quantités massives de liquidités qui reposent encore dans des fonds du marché monétaire, dont le rendement est minable après la chute des taux d'intérêt.

Par conséquent, à la Bourse de New York hier, l'indice Dow Jones des 30 plus grandes capitalisations a profité d'un autre rebond de 188 points ou 2% pour terminer à 9069 points.

C'est la première fois en huit mois que l'indice Dow Jones surpasse le seuil des 9000 points. Son gain depuis le début de l'année est maintenant de 3,3%, en dollars américains.

Pendant ce temps, l'indice plus général S&P 500 a aussi profité hier d'un rebond de 2% ou 22 points pour terminer à 976 points. Cet autre gain porte à 8% le rebond du S&P 500 depuis janvier.

D'autres annonces de résultats trimestriels meilleurs que prévu de la part des grandes entreprises américaines ont suscité l'entrain des investisseurs. Aussi, d'influentes firmes financières et boursières comme Citigroup ont révisé à la hausse leurs prévisions de bénéfices pour les entreprises de l'indice S&P 500.

Hier, parmi les entreprises en vue de la Bourse américaine, les actions de Ford Motor ont gagné 9% - sa meilleure séance en trois mois - après l'annonce de résultats moins détériorés qu'attendu. Dans la même veine de résultats jugés réconfortants, les actions du géant des télécoms AT&T ont bondi de 4%, celles du groupe industriel 3M ont gagné 6%, et les actions de Xerox, meneur des imprimantes couleur à haut débit, ont gagné presque 10%.

Du côté canadien, l'indice-phare de la Bourse de Toronto a aussi bénéficié hier d'une poussée de plus de 2% ou 243 points pour terminer à 10 643 points.

Le message de «fin de récession» de la Banque du Canada a évidemment réconforté les investisseurs, particulièrement envers les titres de grandes sociétés financières.

Aussi, les actions d'entreprises d'énergie et de ressources, très influentes à la Bourse de Toronto, ont bénéficié du regain d'optimisme à l'égard de l'économie mondiale, qui fait monter les cours du pétrole et des matériaux.

«La confiance revient lentement. Les entreprises se pointent avec des surprises positives. De plus en plus de dirigeants croient que le pire est passé», a résumé Pierre Bernard, gestionnaire de fonds chez IA Clarington, une affiliée du groupe Industrielle-Alliance.

Avec Bloomberg