Tiendra, tiendra pas, la reprise boursière?

Après un rebond d'une rare vigueur depuis le début de mars, les marchés boursiers ont multiplié les signes d'essoufflement depuis quelques jours.

La nervosité des investisseurs s'accroît aussi, comme en témoigne la remontée de l'indice de volatilité VIX de la Bourse des options de Chicago.

 

Certes, ce rebond du VIX demeure minime par rapport aux niveaux records atteints l'automne dernier, au pire de la crise financière et de la dégringolade boursière.

N'empêche, combiné aux variations des indices ces derniers jours, le rebond du VIX traduit l'incertitude envers les perspectives boursières des prochains mois.

«La vigueur de la reprise boursière depuis les creux atteints en début de mars - environ 35% parmi les principaux indices nord-américains - a vraiment surpris tout le monde. Mais après trois mois de cet «argent facile» en Bourse, beaucoup s'interrogent sur la suite à moyen terme», admet Luc Fournier, gestionnaire de fonds d'actions chez Industrielle-Alliance.

Les Bourses sont-elles à risque d'une prochaine correction, après des gains exagérés? Ou encore, s'agit-il d'une pause saisonnière, en attendant des indices plus clairs d'une reprise de la croissance économique mondiale?

Les principaux stratèges boursiers chez Desjardins et à la Banque Nationale, eux, s'attendent à un deuxième épisode de rebond boursier dans quelques mois.

À tour de rôle, ils viennent de rehausser leurs cours cibles pour les principaux indices boursiers nord-américains. Chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), on voit l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto s'élever jusqu'à 12 200 points en fin d'année, contre 11 000 points précédemment.

S'il avère, un tel niveau pour l'indice S&P/TSX représenterait un rebond additionnel de 17% en quelques mois.

Aux États-Unis, selon VMD, l'indice S&P 500 pourrait avoisiner les 1100 points en fin d'année, ce qui produirait un gain additionnel d'environ 19%.

Du côté de la Financière Banque Nationale (FBN), on entrevoit maintenant l'indice canadien S&P/TSX s'élever jusqu'à 11 600 points dans un an. Il s'agirait d'une appréciation d'environ 17% en 12 mois.

Pour la Bourse américaine, les stratèges de la FBN prévoient l'indice S&P 500 aux environs jusqu'à 1120 points dans un an, ce qui serait 25% de plus que son niveau récent.

Chez l'Industrielle-Alliance, le gestionnaire de fonds Luc Fournier ne s'aventure pas dans de telles prévisions d'indices.

Toutefois, malgré l'incertitude des derniers jours, il demeure confiant envers le potentiel de rebond additionnel des marchés boursiers à moyen terme.

«Je ne crois pas que la Bourse replonge vers le creux atteint du début de mars, à moins d'une autre grosse crise inattendue, dit-il.

«Plutôt, en attendant plus de signes d'une reprise économique mondiale, la Bourse amorce sans doute une courte période de relative stagnation. La volatilité à très court terme pourrait surprendre, toutefois, en raison des volumes réduits de transactions.»

Par ailleurs, Luc Fournier dit s'attendre à l'impact positif du retour en Bourse d'une partie des liquidités gardées en réserve par de nombreux gestionnaires de portefeuilles.

«Il y a beaucoup de cash en attente, notamment dans des fonds du marché monétaire. Aux États-Unis seulement, l'actif de ces fonds s'élève à 44% de la capitalisation totale de l'indice S&P 500. C'est extrêmement élevé.»

Pour Jean-Luc Landry, directeur de la firme de gestion de placements Landry Morin, cet épisode d'incertitude boursière, après le vif rebond des trois derniers mois, permet de peaufiner les portefeuilles en vue de la suite d'un nouveau cycle boursier positif.

«La première phase de reprise de ce cycle après le «bear market» (marché baissier) est déjà passée. Mais pour des investisseurs à long terme, comme nous, c'est intéressant de profiter d'une période de volatilité à très court terme pour racheter d'autres titres convoités.»