Malmenée par le secteur des ressources jugé trop cher, la Bourse de Toronto a reculé de près de 300 points hier. Le huard a aussi perdu plus de 2 cents. Mais à New York, une embellie de fin de séance a permis de réduire les pertes... et de maintenir l'espoir.

Commençons donc par le secteur de l'énergie, qui a reculé de 4,3% hier à Toronto. Une perte de valeur qui concorde avec celle du baril de pétrole brut qui a chuté de 2,43$US, à 66,12$US, après la publication de données annonçant une progression inattendue des réserves américaines.

Ainsi, Canadian Oil Sand a reculé de 6,9%, à 26,90$. Suncor n'a guère fait mieux, à 35,74$, en recul de 5,8%, comparativement à un sommet de 71,25$ dans la dernière année.

Les secteurs des matériaux et de la santé ont aussi été frappés, les actions de Cascades, Teck Cominco, Theratechnologies et Biovail ayant toutes reculé de plus de 5%. Notons, dans un autre secteur, le fort recul de Bombardier, à 3,54$ (-33 cents, ou 8,5%) après la publication des résultats de son premier trimestre.

Une exception remarquable, celle de Mega Brands, dont le titre a pris plus de 80%, à 70 cents, après l'annonce d'un contrat mondial pluriannuel avec HIT Entertainment pour concevoir des jouets de construction inspirés du jeu Thomas et ses amis.

À New York, «il y a de la correction dans l'air», arguait hier matin l'analyste Al Goldman, de Wells Fargo Advisors. Sauf que les indices new-yorkais ont profité de la dernière demi-heure pour faire mentir les plus pessimistes. Ce qui s'annonçait comme une baisse de près de 2% pour le Dow Jones s'est finalement transformé en recul de moins de 1%.

«Je pensais que ça baisserait plus», a expliqué Vincent Delisle, de Scotia Capitaux, après la fermeture des marchés. Après la hausse spectaculaire des dernières semaines, il s'attend encore à une correction «modeste et de courte durée» des marchés.

Pourquoi brève et modeste? «Parce qu'il y a bien de l'argent qui attend après ce marché-là», c'est-à-dire des investisseurs privés et institutionnels qui veulent laisser les secteurs moins risqués pour se relancer dans celui des actions. «Les caisses de retraite sont trop défensives actuellement.»

Selon lui, le rebond de fin de journée s'explique par cet argent frais qui attend le meilleur moment pour rentrer dans le marché.

Et l'économie?

Plus tôt dans la journée, la publication de plusieurs données américaines plus mauvaises que prévu a ralenti les marchés - après quatre jours de gains à New York, quand même! «On observe des prises de bénéfices, mais le marché réagit aussi aux indicateurs économiques», a commenté Owen Fitzpatrick, de la Deutsche Bank.

D'abord, il y a eu l'enquête mensuelle du cabinet de gestion en ressources humaines ADP, qui a montré que le secteur privé aux États-Unis avait éliminé 532 000 emplois en mai. Moins qu'en avril (545 000), mais plus que prévu (525 000).

Cette étude est très suivie à deux jours de la publication des statistiques officielles de l'emploi. «Le rythme des destructions d'emplois a ralenti depuis le début de l'année, mais il est clair qu'elles restent importantes et qu'elles vont continuer de peser sur la consommation», estime Patrick O'Hare, du site financier Briefing.com.

Les commandes industrielles sont quant à elles reparties à la hausse en avril ("0,7% par rapport à mars), mais encore ici, moins que prévu. Et l'indice ISM de l'activité dans les services est remonté légèrement, à 44 points en mai, mais là encore, les analystes s'attendaient à un peu mieux.

Deux autres éléments importants. D'abord, les demandes de prêts hypothécaires ont reculé de 16% la semaine dernière par rapport à la semaine précédente. Moins de demandes de prêts, moins de maisons vendues, habituellement.

Et puis, plusieurs sociétés, dont le raffineur Valero (-18% hier) et le groupe d'assurance médicale Aetna (-4,7%), ont donné des avertissements sur résultats.

Aussi, comme le dollar américain a pris du mieux, les groupes industriels au sud de la frontière ont cédé du terrain, eux qui avaient profité ces derniers jours du recul du billet vert - favorable aux exportations américaines.

Avec Agence France-Presse