La Bourse canadienne va mieux depuis le début de l'année et pourtant, le visage des clients de Vincent Delisle ne change pas. Même après une séance comme celle d'hier: une hausse de 3,93%, soit la meilleure séance de la Bourse de Toronto en 2009. «J'ai des clients qui ont la mine aussi basse», confirme le stratège boursier chez Scotia Capitaux.

Si les clients institutionnels de Vincent Delisle ne se réjouissent pas de la montée des marchés boursiers canadiens, c'est qu'ils ont décidé de réduire leur exposition à la Bourse en début d'année. Conséquence: après avoir encaissé des pertes l'an dernier, ils ne profitent pas du regain de 2009. «Le marché escomptait la fin du monde et nous nous retrouvons avec un scénario normal de récession, dit Vincent Delisle. Une récession très forte, mais pas atypique. On ne fait plus de comparaisons avec la crise de 1929.»

Hier, la Bourse canadienne a connu sa meilleure séance depuis le début de l'année alors que l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a clôturé la séance à 9870 points, en hausse de 3,9% (373 points) par rapport à la fermeture vendredi dernier. Il s'agit du plus haut sommet du S&P/TSX depuis six mois - plus exactement le 5 novembre dernier, alors que le S&P/TSX avait clôturé la séance à 9887 points.

Sa hausse d'hier, le TSX la doit essentiellement au secteur des ressources naturelles, qui a gagné 5,7% hier. Si tous les secteurs ont contribué positivement, les succès des secteurs des financières ("4,2%) et de l'énergie ("4%) ont aussi été déterminants. «La Bourse canadienne, c'est essentiellement deux secteurs (les financières et les ressources naturelles) et une entreprise (Research In Motion)», fait remarquer Carlos Leitao, économiste en chef à la Banque Laurentienne.

Le dollar canadien a aussi clôturé la journée d'hier en hausse de 0,90 cent US à 85,22 cents US - rarement une mauvaise chose pour la santé du S&P/TSX.

Malgré toutes ces bonnes nouvelles, l'économiste Carlos Leitao n'est pas optimiste à court terme pour la Bourse torontoise. «Je ne veux pas être celui qui amène les mauvaises nouvelles, mais je crois que ce rebond est trop tôt et trop vite, dit Carlos Leitao. Le résultat d'hier est trop exubérant. Les marchés boursiers canadiens sont volatils et concentrés. Il y a un indicateur semi-obscur en Chine qui indique un regain de la consommation chinoise, et on s'emballe rapidement.»

Hausses aux États-Unis

Aux États-Unis, les indices de référence Dow Jones ("2,6%) et S&P 500 ("3,4%) ont aussi connu de fortes hausses hier. Depuis le début de l'année, les indices américains affichent des rendements inférieurs à celui du S&P/TSX (-4,0% pour le Dow Jones, 0,5% pour le S&P 500 contre 9,8% pour le TSX).

Depuis un mois, ils ont le vent dans les voiles même s'ils ne parviennent toujours pas à battre l'indice de la Bourse de Toronto ("5,1% pour le Dow Jones et "7,7% pour le S&P 500 contre 8,8% pour le S&P/TSX).

Le directeur du groupe-conseil en portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins, Luc Girard, ne cite pas de formules mathématiques complexes afin d'expliquer le récent regain sur les marchés boursiers. «Il y a un petit vent de positivisme sur les marchés, dit-il. Il y a moins de mauvaises nouvelles et la récession est en train de s'apaiser. Les gens recommenceront à avoir espoir et ils remettent de l'argent sur les marchés.»

«C'est le réveil des investisseurs qui étaient et qui sont encore beaucoup sur les lignes de côté, dit Vincent Delisle. La combinaison de plusieurs bonnes données économiques américaines assure la longévité du rebond boursier.»

Optimiste de nature, Vincent Delisle s'attend toutefois à un recul des marchés boursiers à très court terme. «Il ne faut pas oublier que le S&P/TSX a fait 9,8% depuis le début de l'année, dit-il. Quand même, 9,8%!»

De quoi faire sourire ses clients.