L'imminence du sommet du G20 et les nombreuses déclarations politiques qui l'entourent rappellent aux investisseurs que les présentes crises financière et économique sont loin d'être réglées, ni même en voie de l'être.

Voilà qui explique la belle poussée des marchés boursiers depuis la mi-mars qui aura duré jusqu'à vendredi. La semaine dernière, on croyait encore que les investisseurs prenaient une pause, le temps d'empocher une partie des profits des derniers jours.

 

La séance d'hier aura souligné qu'il s'agissait plutôt d'une embellie dans un paysage économique encore très sombre. Loin d'être repartis pour de bon à la hausse, les indices boursiers pourraient même tester de nouveau leurs creux de novembre et du 9 mars.

La plupart des grandes places boursières ont trébuché hier et accusé des pertes d'au moins 3%.

Les déclarations du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, sur les ondes d'un réseau de télé américaine et l'ultimatum fait à General Motors [[|ticker sym='GM'|]] et Chrysler par le président, Barack Obama, ont refroidi l'enthousiasme de plusieurs investisseurs.

M. Geithner a indiqué que quelques banques américaines auront encore besoin de plusieurs milliards de l'État. Après examen minutieux de leur bilan (stress test), elles se sont révélées sous-capitalisées. Les actions de Citigroup [[|ticker sym='C'|]] et Bank of America [[|ticker sym='BAC'|]], déjà largement secourues par l'argent des contribuables, ont été les plus touchées aux États-Unis, tandis que le secteur des financières accusait le recul le plus prononcé.

Les investisseurs craignent avant tout la dilution de leurs actions, advenant un nouvel afflux de capitaux du gouvernement.

Parallèlement, les banques exercent un puissant lobby auprès des membres du Congrès pour qu'ils forcent la Commission financière des normes comptables (FASB) à assouplir l'application du concept de juste valeur (mark-to-market) dès le présent trimestre qui s'achève aujourd'hui.

En vertu des nouvelles normes souhaitées, une part plus grande au jugement serait laissée aux vérificateurs dans l'attribution d'une valeur aux éléments d'actif dont il n'existe pour l'instant aucun marché, donc aucun prix.

Cela transformerait les états financiers des institutions qui regorgent d'actifs toxiques. Des pertes trimestrielles colossales seraient ainsi atténuées, voire changées en profits, ce qui aura l'heur de plaire à leurs dirigeants soucieux de leurs primes.

Des institutions qui ont échoué au stress test pourraient ainsi repousser l'aide financière de l'État et préserver la rémunération très élevée de leurs dirigeants.

Les investisseurs en revanche s'inquiètent déjà de l'opacité accrue des résultats financiers, au moment où deux des grands enjeux du sommet du G20 de jeudi seront la transparence et la réglementation accrues des institutions financières. On imagine que la plupart des leaders des pays participants font présentement l'objet d'intenses pressions de la part des institutions qui ne veulent pas de nouvelles restrictions à leurs façons de brasser des affaires, même si elles ont plongé le monde dans la pire récession en sept décennies.

L'autre effet pervers de cette réforme comptable, si elle devait être avalisée telle quelle par les élus, serait de compromettre le plan de rachat de ces actifs toxiques jusqu'à concurrence de 500 à 1000 milliards US, dans le cadre du partenariat public-privé, annoncé par M. Geithner, il y a deux semaines à peine. Ces actifs prendraient soudainement de la valeur, ce qui inciterait moins les banques à les mettre aux enchères ou les acheteurs potentiels à se montrer intéressés par ce qu'ils jugeront désormais trop cher.

Le plan Geithner a pour objectif pourtant de libérer les banques d'éléments d'actifs non liquides de manière à favoriser la reprise de leurs activités de prêts qui reste la clé pour dénouer la crise actuelle.

Voilà pourquoi la forme londonienne Helmsman Global Trading s'attend maintenant à ce que la Bourse new-yorkaise teste de nouveau ses deux derniers creux avant de reprendre pour de bon sa remontée... l'automne prochain.