Les gestionnaires de bureaux rivalisent d’imagination pour convaincre les employés de retourner sur les lieux de travail. La société immobilière Canderel engagera l’équivalent de gentils organisateurs (G.O.) du Club Med afin de rendre la vie de bureau plus agréable.
L’entreprise lance le concept Okkto, dont le nom signifie huit en grec.
« Pour que l’on convainque les employés de retourner au bureau, ces derniers doivent pouvoir justifier leur déplacement, indique Brett Miller, PDG de Canderel, dans un entretien. Avec Okkto, on va intégrer les aspects d’apprentissage et de réseautage dans le quotidien de la tour de bureaux. Il faut que les employés aient plus que leur ordinateur quand ils vont au bureau. »
Que comprendra Okkto ? Les halls seront refaits. Des espaces de détente seront aménagés. Un programme d’activités sera offert aux occupants. Un service de conciergerie sera aussi offert. Dans les plus gros immeubles, des salles de conférence et une salle d’entraînement seront aménagées. Les travaux requis peuvent se réaliser dans un délai de trois à six mois.
« D’abord, le concierge accueillera les locataires, explique M. Miller. Ensuite, il va gérer l’ensemble des activités proposées par Okkto. Par exemple, il va organiser des clubs de yoga, de marche ou de lecture. Dans le concept de Club Med, il y a les G.O., les gentils organisateurs ; c’est le concept qu’on a pour le service de conciergerie. »
Canderel, qui gère un portefeuille de bureaux de 2,3 millions de mètres carrés au pays, a déjà commencé à implanter le service Okkto à Edmonton. À Montréal, elle évalue la possibilité de l’offrir aux locataires du 1981 McGill College et du 2000 McGill College, deux propriétés appartenant à l’Industrielle Alliance.
Des condos au coin de De Maisonneuve et de la Montagne
Par ailleurs, la société Canderel projette de construire une tour de condos d’environ 200 logements au 1445, rue de la Montagne, voisine de l’hôtel Vogue et près du Four Seasons.
« On vient juste de compléter le processus de zonage, indique M. Miller, au cours du même appel. On est à évaluer quand on mettra les condos à vendre. »
Il s’agira d’un rare chantier résidentiel à sortir de terre au centre-ville ces temps-ci.
Pour les quatre premiers mois de 2023, 614 logements ont été mis en chantier seulement, par rapport à 990 un an plus tôt, une diminution de 38 %, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec.
Le promoteur, qui a bâti les trois tours de condos des Canadiens, près du Centre Bell, mène de front une dizaine de projets résidentiels à travers le Canada. Il commence à sonder le terrain pour des acquisitions, ajoute son PDG.
Pour revenir au terrain du 1445, rue de la Montagne, son acquéreur, le groupe Carttera, a payé 48,5 millions pour l’obtenir en septembre 2020. Le rôle municipal lui donnait une valeur de 11,1 millions. Le prix payé revient à 230 $ le pied carré constructible, ce qui est plus élevé que le prix des transactions antérieures réalisées au centre-ville.
Surtout actif dans la région torontoise, Carttera a collaboré à la réalisation de projets dans le secteur du Centre Bell, dans Griffintown et à Vaudreuil-Dorion.
Le calme plat à l’îlot Voyageur
Il ne se passe rien dans la partie sud de l’îlot Voyageur, propriété de la Ville depuis 2018, dénonce l’opposition officielle à l’hôtel de ville, alors que la Ville de Montréal a un urgent besoin de logements sociaux.
De 2018 à 2021, il s’est construit seulement 176 logements sociaux dans l’arrondissement de Ville-Marie sur une production totale de 15 500 nouveaux logements, souligne l’opposition officielle.
« Malgré le fait que la Ville soit propriétaire du lot depuis plus de cinq ans, qu’elle ait tous les outils pour le mettre en valeur, qu’elle a fait réaliser deux études de faisabilité sur le terrain, l’une en 2019 et l’autre en 2020, il n’y a toujours rien qui est fait », déplore Julien Hénault-Ratelle, du parti Ensemble Montréal, conseiller municipal de Tétreaultville et porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement économique.
L’opposition a obtenu les études réalisées par la firme Daoust Lestage à la suite d’une demande d’accès à l’information. Dans la version 2020, qui n’a pas eu de suite jusqu’à présent, les architectes prévoyaient 279 logements (62 logements abordables, 90 logements sociaux et 127 logements locatifs) sur 17 étages.
« Nous souhaitons qu’un projet voie le jour le plus rapidement possible et qui s’inscrive dans la réalité du site en question ; donc, de faire du logement étudiant, une chose que les deux études ne préconisent pas », dit M. Hénault-Ratelle.
Citant des données de l’organisme UTILE – Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant, le conseiller estime à 15 000 appartements les besoins en logement étudiant abordable en 10 ans.
« Comme on s’y était engagé en novembre devant le conseil municipal, nous avons pris le temps de réévaluer les besoins en contexte post-pandémique dans les derniers mois pour revenir avec un projet qui est en phase avec les nouveaux besoins de ce secteur névralgique du centre-ville », rétorque, dans une déclaration écrite, Benoit Dorais, responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques au comité exécutif de la Ville de Montréal.
« On déploie en ce moment un mandat accéléré avec des équipes qui étudient différents scénarios. Nous présenterons dès cette année une proposition à la hauteur des ambitions et des besoins du secteur », promet le vice-président du comité exécutif.