(Toronto) Des observateurs de l’immobilier affirment que le nouveau code de conduite hypothécaire promis dans le budget fédéral sera utile aux Canadiens confrontés à des difficultés financières, mais ils estiment malgré tout que le plan économique manque de mesures nécessaires pour l’abordabilité du logement.

Le code de conduite annoncé mardi vise à garantir que les institutions financières sous réglementation fédérale offrent un accès juste et équitable aux mesures d’allègement hypothécaire aux personnes qui peinent à rembourser leur hypothèque en raison des taux d’intérêt élevés.

Cela protégerait ces personnes des pénalités inutiles, des frais bancaires internes ou des frais d’intérêt, et leur permettrait de prolonger les périodes d’amortissement au-delà de 25 ans, d’ajuster les calendriers de paiement et d’effectuer des paiements forfaitaires.

Le code de conduite est une « bonne nouvelle » pour les personnes ayant des hypothèques à taux variable confrontées à des charges financières, a estimé Sherry Cooper, économiste en chef des Centres hypothécaires Dominion.

« Si les banques peuvent prolonger les amortissements restants lorsque les emprunteurs renouvellent (leur prêt), la pression sur leurs portefeuilles sera nettement inférieure », a-t-elle écrit dans une note aux investisseurs.

Cependant, Mme Cooper a estimé que le budget global n’offrait « pas grand-chose pour le logement abordable » et énumérait principalement « une longue liste de mesures » que le gouvernement fédéral avait déjà prises.

Puisant dans les mesures annoncées dans le budget de l’an dernier, le gouvernement a évoqué le compte d’épargne libre d’impôt mis en place pour les acheteurs d’une première maison, qui entrera en vigueur le mois prochain, l’interdiction de deux ans pour les non-résidents d’acheter des propriétés résidentielles et le Fonds d’accélération du logement de 4 milliards, qui prévoit de créer au moins 100 000 nouveaux logements nets.

La courtière immobilière de Toronto, Cailey Heaps, a convenu que le code de conduite hypothécaire serait utile, car il donne aux prêteurs hypothécaires la possibilité de trouver des solutions, « permettant, espérons-le, à plus de Canadiens de rester propriétaires et d’investir dans leur maison ».

« Dans le marché actuel, la réalité veut que si les Canadiens perdent leur maison, il peut s’écouler une génération avant qu’ils ne retrouvent un logement, ce qui est dévastateur », a-t-elle expliqué dans un courriel.

Peu de soutien pour l’offre de logements

Cependant, Mme Heaps a déploré le manque de soutien du budget en ce qui a trait à l’offre de logements, et la manière dont il s’adressait aux sociétés investisseuses.

« Il existe une perception largement répandue selon laquelle les sociétés investisseuses nuisent au logement abordable, mais le gouvernement fédéral n’investit pas de manière significative dans les locations, donc quelqu’un doit intervenir et résoudre le problème », a affirmé Mme Heaps.

Au lieu de cela, elle voit des sociétés investisseuses « prendre le risque » et, à leur tour, elles tentent de tirer profit de leur travail.

« Si les sociétés investisseuses peuvent aider en créant plus de logements, nous devrions les aider et leur permettre de résoudre un problème là où le gouvernement ne peut pas le faire », a-t-elle soutenu.

« Il est également raisonnable, si elles en profitent, de leur demander de contribuer en augmentant encore la densité pour le logement intermédiaire. »

Le logement intermédiaire est un terme utilisé pour décrire les logements à densité moyenne comme les plex et les appartements, qui sont plus accessibles aux familles de la classe moyenne et aux premiers acheteurs.

Le budget d’Ottawa reconnaît que les grandes sociétés investisseuses détiennent une part « importante » des logements locatifs au Canada, à un moment où les coûts du logement augmentent.

Rentals.ca a récemment constaté que les loyers demandés au Canada avaient augmenté de 9,7 % par an pour atteindre une moyenne de 1984 $ en février.

Pour le même mois, l’Association canadienne de l’immobilier a souligné que le prix national moyen des maisons s’était établi à 662 437 $, ce qui représentait une baisse de près de 19 % par rapport au même mois un an plus tôt. Toutefois, sur une base désaisonnalisée, le prix moyen national a atteint 634 830 $, en hausse de 1,7 % par rapport à janvier.

« Le gouvernement s’est engagé à veiller à ce que l’activité des investisseurs, en particulier de ceux qui possèdent un nombre important d’immeubles de placement, rend le logement plus abordable au Canada, et non moins abordable, et il examinera s’il doit rééquilibrer le marché du logement en faveur des Canadiens à la recherche d’un logement pour y vivre », dit le budget.