Le sursaut dans la construction de maisons neuves causé par la popularité du télétravail pendant la pandémie appartient déjà au passé, constate un rapport sur l’état de l’offre de logements.

Il s’est construit 1072 maisons dans la région de Montréal au premier semestre 2022, en baisse de 34 % en un an.

« Après une hausse temporaire, les mises en chantier de maisons en propriété absolue (maisons individuelles, jumelés et maisons en rangée) ont baissé dans plusieurs secteurs du Grand Montréal », écrit Francis Cortellino, spécialiste principal, connaissance du marché, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), qui a publié le rapport. « L’essoufflement de la demande d’habitations de grande taille et la hausse importante du coût de construction de ces logements sont les principaux responsables de ce repli. »

Historiquement, il se construit de moins en moins de maisons dans la région montréalaise en raison de leur coût trop élevé, de la rareté des terrains disponibles et des contraintes liées au zonage. Les pouvoirs municipaux demandent aux promoteurs de densifier le territoire pour éviter de favoriser l’étalement urbain.

« Les mesures sanitaires et les nouvelles possibilités de télétravail avaient créé un engouement pour les habitations de plus grande taille durant les premiers trimestres de la pandémie, souligne le rapport. Cependant, au cours des derniers mois, la demande s’est essoufflée pour ce type de logement, plusieurs ménages qui désiraient faire l’acquisition d’une maison neuve ayant déjà acheté sur le marché. »

Résultat : le nombre de nouvelles maisons est en forte baisse sur un an, sauf dans des villes situées aux extrémités de la région comme Mirabel, Saint-Eustache et Beauharnois, constate la SCHL.

Le locatif populaire

Ce qui reste populaire, en revanche, ce sont les logements locatifs en banlieue.

« La hausse du prix des habitations qui s’est poursuivie en début d’année rend aussi plus difficile l’accession à la propriété, ce qui favorise la demande de logements locatifs et continue d’exercer des pressions à la baisse sur le taux d’inoccupation, lit-on dans le rapport. Ces facteurs envoient par conséquent le signal qu’il faut poursuivre la construction de nouvelles unités locatives. »

Cette année, la banlieue accapare 70 % des mises en chantier des appartements locatifs, comparativement à 60 % en 2021.

Les quartiers centraux de Montréal, durement frappés par la pandémie, affichent un taux d’inoccupation en hausse, ce qui diminue l’attrait des promoteurs pour construire des logements.

« Le segment des logements locatifs dans ces secteurs a souffert d’une baisse de la demande importante provenant de migrants et d’étudiants locaux et internationaux durant la pandémie. Cette baisse de la demande a sans aucun doute fait ralentir l’apparition de nouveaux ensembles locatifs sur le marché. Le secteur de Ville-Marie/Sud-Ouest (incluant Griffintown) a d’ailleurs enregistré une forte baisse des mises en chantier. »

Depuis la fin du premier semestre, la hausse des taux d’intérêt vient toutefois engourdir le secteur de la construction résidentielle, y compris la construction de logements locatifs, avertit Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

« Le repli de la construction résidentielle en septembre est en grande partie attribuable au segment locatif qui accapare la part du lion des nouvelles unités depuis plusieurs années. Or, la hausse rapide des taux d’intérêt mine la rentabilité de certains nouveaux projets locatifs qui, par conséquent, sont reportés à plus tard ou abandonnés », note-t-il dans un communiqué paru mardi.