Toujours dans l’attente de ses premières ventes commerciales, la jeune pousse de Terrebonne qui ambitionne de recycler les plastiques à usage unique a eu la main heureuse avec une opération foncière à Bécancour.

Loop Industries a réalisé une plus-value de près de 6 millions sur la vente d’un immense terrain industriel en septembre.

Il s’agit de ses premiers revenus depuis la création de l’entreprise dans sa forme actuelle en juillet 2015. « Vendre des terrains n’est pas notre business, nous, on produit des plastiques », a dit dans un bref entretien Daniel Solomita, président de Loop Industries.

Cotée au NASDAQ, son entreprise emploie près de 100 personnes et détenait des liquidités de 32 millions US en juillet, selon des documents déposés à l’autorité américaine des marchés financiers.

Technologie révolutionnaire

Loop soutient posséder une technologie révolutionnaire qui dépolymérise les déchets de plastique PET comme les bouteilles et les emballages en plastique, en ses éléments de base (monomères), prêts à servir à nouveau sous forme de résine. Un marché que Loop évalue à 160 milliards US.

Souvent promise, la commercialisation de sa technologie a constamment été reportée.

En octobre 2020, son efficacité a été remise en question par un rapport d’un vendeur à découvert. Hindenburg Research soulevait aussi des doutes sur les compétences du « scientifique en chef », Adel Essaddam, qui est entré en fonction en 2016 après avoir obtenu son DEC au cégep.

En mai 2021, Loop avait acquis un terrain de 1,8 million de mètres carrés (environ 20 millions de pieds carrés) au parc industriel de Bécancour pour 5,9 millions. Le vendeur était la coop indienne Iffco, qui avait le projet de construire une usine d’urée à partir du gaz naturel en partenariat avec la Coopérative fédérée (aujourd’hui Sollio Groupe coopératif). Le projet d’engrais a été abandonné en 2019, après avoir été mis sur la glace pendant près de cinq ans.

Environ 335 000 m2 (3,6 millions de pieds carrés) du terrain de Bécancour sont réservés à la construction éventuelle de la première usine commerciale de la technologie Loop au Québec.

En juillet dernier, la société disait publiquement explorer des options de financement pour financer la construction de l’usine, incluant les aides gouvernementales. Le 25 juillet, Loop annonçait la démission du VP génie et construction Yves Perron. L’entreprise n’entend pas le remplacer.

« M. Perron a bâti une très belle équipe qui a beaucoup d’expérience à construire des usines au Québec, dit M. Solomita. Le numéro 2 en dessous de lui a pris la charge du projet. »

Vente de 12 millions de dollars

Loop vient de vendre environ la moitié de la superficie de son terrain de Bécancour, soit 930 000 m⁠2 (10 millions de pieds carrés), pour 12 millions à une entreprise immobilière de Boisbriand appartenant à Abe Leimzider. Après avoir payé la commission et les autres frais, le produit net revient à 11,4 millions.

C’est l’agence NAI Terramont Commercial qui a agi comme intermédiaire dans les transactions immobilières de Loop.

Les terrains industriels connaissent une envolée des prix au Québec en raison de leur rareté. L’intérêt est soutenu à l’égard du parc industriel de Bécancour, lieu privilégié par Québec pour accueillir les acteurs stratégiques de la filière « batterie » comme GM, BASF, Nemaska Lithium et Nouveau Monde Graphite.

Loop détient encore 560 000 m⁠2 (6 millions de pi⁠2) de terrain excédentaire à Bécancour disponible à la revente.