Les Montréalais doivent s’attendre à une hausse de taxe salée l’an prochain s’il faut en croire les propos de la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, qui a refusé mercredi de s’engager à limiter la hausse des taxes à un seuil nettement inférieur à l’inflation.

Comme on sait, l’Indice des prix à la consommation (IPC) a bondi en 2022, atteignant 8,1 % à l’échelle du pays en juin. Du jamais-vu depuis pratiquement 40 ans.

« On n’a jamais dit qu’on allait capper à 3 % [la hausse des taxes] », a répondu Mme Ollivier à une question d’un journaliste sur la hausse à venir en 2023. L’élue rencontrait les médias à l’occasion du dépôt du nouveau rôle d’évaluation.

L’équipe Plante s’est fait réélire en 2021 en promettant de ne pas augmenter les taxes municipales d’un pourcentage plus élevé que l’inflation.

« Clairement, je peux vous dire qu’on n’ira pas à 8 %. En tout cas, je serais très surprise qu’on aille à 8 %, a enchaîné la numéro 2 de l’administration Plante. On va essayer de rester dans une fourchette d’imposition qui permet à la fois de faire face à nos responsabilités comme métropole, mais également de respecter la capacité de payer des Montréalais. »

Une surprise pourrait attendre les contribuables si la Ville décrétait une hausse des taxes de 5 % ou plus pour 2023. Depuis des années, ceux-ci se sont habitués à des hausses de taxes alignées plus ou moins au taux d’inflation, lequel variait habituellement de 1 à 3 % par an. Ce n’est plus le cas cette année.

Mais vous comprendrez qu’avec une inflation qui est de 8 % au moment où l’on se parle, il est sûr que, sur le budget, ça met énormément de pression sur les dépenses. Si les revenus, par ailleurs, demeurent stables, ça va nous causer des défis pour boucler le budget.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

L’an dernier, la Ville a limité l’augmentation des charges fiscales à 2 % pour les immeubles résidentiels et à 1,5 % pour les immeubles non résidentiels pour l’année financière, alors que la hausse de l’IPC avait atteint 3,8 % à l’échelle de la province.

La Ville a lancé récemment un chantier sur la fiscalité municipale pour trouver des façons d’augmenter ses revenus autrement que par la hausse de l’impôt foncier. Un peu plus de 60 % du budget de la Ville est financé par les taxes municipales, a souligné Mme Ollivier.

Une hausse de 3 % serait acceptable pour l’opposition

Les propos de la présidente du comité exécutif inquiètent au plus haut point l’opposition à l’hôtel de ville.

« Aujourd’hui, nous sommes anxieux, a dit Aref Salem, chef de l’opposition officielle, qui prenait la parole après Mme Ollivier, surtout que l’administration n’a pas donné de signe de vie sur le prochain taux de taxation. Je sais que la mairesse, l’année dernière, a déjà dit qu’elle n’augmentera pas le taux d’imposition au-delà du taux d’inflation. Si on sait que le taux d’inflation est de 8 %, ça devient extrêmement inquiétant. On n’est pas rassuré. »

M. Salem trouverait acceptable une hausse des taxes de plus ou moins 3 %. Il justifie ce chiffre en expliquant que la hausse de la masse salariale des employés de la Ville, un poste de dépenses majeur dans le budget et qui est régi par convention collective, sera bien inférieure à 8 % en 2023. « C’est impensable qu’on aille de l’avant avec 8 % », a-t-il dit, catégorique.