Québec solidaire se désole du fait que le gouvernement de François Legault finance un projet immobilier du secteur privé sans exiger du promoteur le moindre engagement en matière de logements sociaux, en pleine crise du logement par surcroît.

« On a une crise de logement à la grandeur du Québec. Dans Vanier, 350 ménages sont en attente d’un logement social et la première action du gouvernement pour revitaliser le quartier Vanier est de mettre de l’argent dans un projet d’un promoteur privé qui ne garantit aucunement de logements sociaux actuellement », dénonce Karoline Boucher, candidate de Québec solidaire dans la circonscription électorale de Vanier–Les Rivières, là où se trouve Place Fleur de Lys.

Jeudi, La Presse a fait état d’un financement gouvernemental d’un maximum de 43 millions dans la transformation de ce centre commercial de Québec en un complexe immobilier multifonctionnel.

PHOTO YVES TREMBLAY, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE LES YEUX DU CIEL

Place Fleur de Lys, avant le projet de transformation, en 2014

La société en commandite Trudel Alliance est en train de transformer le vieux centre occupant un terrain d’une superficie de 280 000 m⁠2 (3 millions de pieds carrés) en un complexe à vocation mixte. Des travaux d’une valeur de 750 millions répartis sur cinq à sept ans sont au programme.

Plus de 2500 logements locatifs pour tous les budgets, un campus universitaire, des arbres, des services à la collectivité, des bureaux et des locaux commerciaux remplacent la galerie marchande d’environ 80 000 m⁠2 (860 000 pi2).

« Trop tôt » pour les logements sociaux

Toutefois, aucun logement social n’est prévu parmi les 1000 premiers logements, a indiqué publiquement le promoteur en septembre dernier. Il est trop tôt pour déterminer le nombre de logements sociaux, a précisé la société Trudel jeudi.

L’intervention de l’État prend la forme d’achat d’actions privilégiées dans une filiale liée aux propriétaires de Place Fleur de Lys. Leur rendement et les conditions de rachat des actions sont tenus secrets par le gouvernement.

Ça manque de transparence de financer le projet de cette façon avec un budget discrétionnaire. C’est quelque chose qu’on dénonce.

Karoline Boucher, candidate de Québec solidaire dans Vanier–Les Rivières

C’est en effet l’enveloppe du gouvernement québécois destinée au financement des entreprises, le Fonds de développement économique, qui finance le projet de la société en commandite Trudel Alliance. Celle-ci compte parmi ses commanditaires une entité liée au Groupe Pomerleau.

Selon le dernier tracé proposé, un arrêt du tramway n’est pas prévu à Place Fleur de Lys. En revanche, une entrée du tunnel du troisième lien est prévue dans Vanier, signale Mme Boucher.

Rendre l’aide admissible à tous

Ce n’est pas seulement le monde politique qui a réagi à l’action du gouvernement. Son intervention directe dans un projet du secteur privé n’est pas passée inaperçue dans le milieu immobilier. Par exemple, le promoteur Vincent Chiara, président du Groupe Mach, a demandé que l’aide soit offerte à tous les promoteurs.

« Si d’autres promoteurs déposent des projets semblables, ils seront analysés en tenant compte des mêmes critères et avec la même rigueur que celui concernant Place Fleur de Lys », assure de son côté le gouvernement.

Un autre promoteur qui a contacté La Presse souhaite que l’aide soit structurée dans le cadre d’un programme normé et offert à tous. Il ne souhaite pas voir son identité dévoilée pour ne pas nuire à ses affaires.

On dénombre une cinquantaine de centres commerciaux de 46 500 m2 et plus (500 000 pi2) au Québec. À peu près tous font l’objet de projets de transformation extrême, aux dires de Jean-François Grenier, spécialiste de l’immobilier commercial au Groupe Altus.